Iran/Kurdistan : 700 arrestations, 2 morts, le soulèvement se répand

Situation au 10 mai 2015.

L’événement déclencheur du soulèvement est la mort d’une jeune femme kurde, Ferinaz Xosrawanî, à Mahabad qui s’est jetée du quatrième étage de l’hôtel où elle travaillait pour échapper à des policiers qui tentaient de la violer. Le propriétaire de l’hôtel avait accepté de laisser les agents des forces de sécurité violer Ferinaz en échange de la 5ème étoile de son hôtel, il a été « arrêté » pour sa propre protection (selon les forces de sécurité elles-mêmes). De nombreuses manifestations ont eu lieu. Le 7 mai, les manifestants ont incendié l’hôtel où a eu lieu le meurtre de Ferinaz, suite à quoi la police a ouvert le feu sur les manifestants faisant 27 blessés, deux morts, et des dizaines d’arrestations. Les manifestations se répandent par tout dans le Kurdistan Oriental (Ouest de l’Iran).

Depuis le début du soulèvement, au moins 700 personnes ont été arrêtées par les forces de sécurité et par les services de renseignement. Plusieurs d’entre-elles ont été arrêtées à l’hôpital alors qu’elles recherchaient des soins après s’être fait tirer dessus. La plupart des prisonniers sont emmenés dans les villes environnantes pour y être interrogées.

Emeutes à Mahabad.

Emeutes à Mahabad.

Iran/Kurdistan : La prison de Mahabad incendiée et de nombreux militaires déployés

De plus en plus de ’gardes révolutionnaires’ sont déployés dans le Rojhilat (la partie iranienne du Kurdistan) alors que des manifestations se répandent dans toutes la région, notamment à Mahabad et à Sardasht. Le régime a coupé -au moins partiellement les arrivées d’électricité, d’eau et d’internet dans la ville. Les manifestants ont attaqué et incendié la prison à Mahabad, en libérant tous les prisonniers. Des manifestations de soutien ont eu lieu à Istanbul, à Kobané, à Hawler (capitale du Kurdistan irakien). Au moins une quinzaine de manifestants ont été arrêtés aujourd’hui à Sardasht.

EDIT : A Ourmia, à une centaine de kilomètres de Mahabad, des affrontements ont eu lieu entre les guérilleros du PJAK -parti affilié au KCK, comme le PKK- et les ’gardes révolutionnaires’, un militaire iranien a été tué suite cela.

Affrontements à Mahabad.

 

Repris du site Secours Rouge.

25 000 flics pour empêcher le 1er mai à Istanbul : cela n’a pas suffit !

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Le climat social et politique est toujours tendu en Turquie. Mais ce 1er mai 2015 s’annonçait chaud chaud. Des élections législatives à risques pour le président dictateur Erdogan et son parti islamo-conservateur l’AKP. Une batterie de lois sécuritaires, le Paketi, qui vient d’être adopter et que d’aucuns qualifient de « fascistes ». Un mouvement kurde dynamique et qui commence à imposer sa vision du monde au-delà du strict Kurdistan… Autant d’ingrédients pour cette fête des travailleurs millésime 2015.

1er mai interdit et état de siège

« L’AKP bouscule les tabous et célèbre de nouveau la fête des travailleurs. Toutes les places de la Turquie seront ouvertes le 1er mai. » affirmait le 30 avril, le Premier ministre, Ahmet Davutoglu. Ce n’était là que pure rhétorique démocrate à destination des médias et de l’Occident. Ce 1er mai est interdit par l’État comme les années précédentes. A Istanbul, la préfecture a décidé de bloquer la place Taksim – symbole de la lutte du parc Gezi en 2013 mais surtout du 1er mai 1977 où 33 manifestants ont été tués par la police. De bloquer également le centre de la partie « européenne » d’Istanbul, les quartiers de Beşiktaş, Şişli, Kurtuluş, Mecidiyeköy, Okmeydanı, Dolmabahçe, Kabataş, Karaköy, ainsi que les deux ponts permettant de traverser le Bosphore et d’atteindre le côté dit « asiatique ». 7 kilomètres de barrières anti-émeutes selon les médias ! Les transports en communs sont coupés sur toute la zone de 6h du matin à 20h : plus aucun métro ni vapur – ces bateaux qui assurent la navette entre les deux rives du Bosphore – ni bus municipaux. Ces derniers servent à déplacer les troupes de keufs… Ces derniers sont 25000 à saturer les rues du centre de la ville, armés de tout leur arsenal – flash-balls, lacrymogènes, matraques – et aidés de 70 toma, les canons à eaux turcs et de 3 hélicoptères. Pour eux, il s’agit que rien ne se passe. Que personne ne sorte dans la rue. Qu’aucune revendication sociale et qu’aucun slogan contestataire ne puissent se faire entendre. Pour eux, la chasse est ouverte…

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[documentaire] Ekümenopolis (2012)

Cet excellent documentaire, Ekümenopolis – La ville sans limite de İmre Azem (2012), propose une vision d’ensemble sur les processus de gentrification et d’amenagement urbain a Istanbul. On y voit a l’oeuvre, la tentaculaire Toki, entreprise de constructıon hegemonique et tres proche du pouvoir en place : exproprıatıon violentes, expulsions, betonnage, et construction de dizaines de milliers de tours type « cages a lapins » en toc. Les habitants tentent difficilement de lutter contre cette logique de beton et de fric…

Les sous-titres sont en anglais, vivement qu’ils existent en français egalement !

Un paquet de lois fascistes !

600x0_cr__UserFiles_Images__upload_2015_2_2_polis12Traduction d’un texte paru dans le journal anar Meydan Gazetesi sous le titre Faşism Paketi !

Pendant les journées d’émeutes de soutien à Kobanê en octobre dernier,  plus d’une cinquantaine de personnes ont été tuées par l’Etat et ses soutiens fascistes.  Le ministre de l’Intérieur, Efkan Ala, avait tenu les propos suivants : « On répondra à la violence par une violence bien plus extrême ». Dans le même temps, Erdogan avait surenchérit : « Ça ne suffira pas de vous opposer à la police, on fera tout ce qu’il faudra… » Après ces déclarations, le gouvernement a annoncé un projet de lois sécuritaires, le Paketi.  Ces nouvelles lois réellement fascistes sont au cœur des débats et mises en avant depuis des mois, aussi bien à la télé que dans les cafés. Pendant que ceux qui sont au pouvoir défendent bec et ongle ce paquet, tous les autres s’y opposent. Pendant que ce projet de lois est en train d’être discuté, six enfants ont encore été tués par la police à Cizirê au Kurdistan. Toujours dans le même temps, à Bingöl, suite à l’assassinat de quatre policiers, quatre personnes ont été arrêtées et accusées des faits : il s’avère finalement que c’est le MIT [Millî İstihbarat Teşkilatı, services secrets turcs] qui a assassinés les flics. Durant les manifestations de soutien aux personnes arrêtées et disculpées, la police a fait preuve d’une extrême violence.

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Rencontre avec le collectif LGBTI Keske-Sor de Diyarbakır

10368210_10153716307939502_290489557153296492_nRapide retranscription d’une prise de notes faite lors de la présentation-discussion avec le collectif autour des luttes écolos, antimilitaristes et LGBTI.

Création du collectif

En 2012, une première réunion est organisée avec environ 60 personnes à la période du Newroz. Suite à cela, ils se retrouvent au Newroz avec un certain nombre de camarades : il y a des embrouilles avec les flics (gazage, violence, etc.), du coup le groupe s’est retrouvé éparpillé dans la ville. « On s’est retrouvé séparés et un peu perdus. Cette mauvaise expérience a rendu le groupe fragile et il y a eu des crispations et des tensions entre nous. Des camarades se sont retrouvés seuls face au flics. A partir de là, le groupe a souhaité s’organiser plus et mieux. » Keske-Sor (en kurde : arc-en-ciel) se crée donc comme collectif militant en avril 2012. Des personnes de profils différents compose le groupe : des sans-emplois, des étudiants, des professeurs…

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