Témoignages d’une délégation de femmes parties au Kurdistan, 1ère partie.
Malgré la guerre au Kurdistan nord – Bakûr en kurde -, le mouvement des Femmes Libres continue à se battre au quotidien pour porter les voix des femmes et se situer à la tête du mouvement de libération kurde. La journée mondiale de la femme est célébrée en masse au Kurdistan et porte toujours l’esprit de lutte de ses débuts. Une petite délégation de femmes de plusieurs origines est partie de France cette année pour rejoindre les femmes du Bakûr dans leurs célébrations du 8 mars. Nous nous sommes rendues à Amed (Diyarbakır en Turc) – ville que l’on peut considérer comme la capitale du Bakûr – puis dans le Sud à la frontière avec la Syrie : Cizre, Mardin et deux villes de sa province, Kızıltepe et Nusaybin. À travers cet article, nous avons voulu rendre hommage à ce mouvement de femmes en retransmettant une partie de leurs paroles que nous avons recueillies. Le second objectif de ce texte est de rendre compte de la situation de guerre totale – dont nous avons été témoins – déclarée par l’État turc contre la population kurde et son mouvement de libération.
L’État turc mène une contre-révolution au Bakûr
La nouvelle guerre déclarée aux Kurdes par l’État turc s’inscrit dans la continuité de ce qu’il a toujours fait depuis sa création, d’abord entre les mains des kémalistes (Atatürk -le père des Turcs- et ses successeurs) et maintenant avec l’AKP en tête. Les années 1980-90 auront marqué l’histoire des mouvements révolutionnaires en Turquie, et en particulier du mouvement de libération kurde. Pendant cette période, la répression a été brutale : des centaines d’opposant.e.s (militant.e.s, journalistes, écrivain.e.s) ont été exécuté.e.s, et celles.eux emprisonné.e.s ont connu les pires tortures. Dans les montagnes du Kurdistan, près de 5000 villages ont été brûlés, forçant la population à la déportation vers les villes (environ 2 millions de personnes déplacées). Les négociations de paix des dernières années, impulsées par le leader kurde, Abdullah Öcalan, avaient donné de l’espoir à toute une génération orpheline, qui maintenant se retrouve à nouveau sous le feu des bombes.
Le mouvement de libération kurde qui a grandi autour du PKK a pris de l’ampleur et un écho international avec la victoire de Kobanê. En effet, le printemps arabe en Syrie a abouti à une guerre civile sur tout le territoire, à l’exception de la région nord principalement kurde, le Rojava, qui a su prendre son émancipation. On parle de révolution du Rojava en référence à ce processus auto-gestionnaire promu par le PYD, parti proche du PKK en Syrie.
Erdoğan et son gouvernement AKP n’ont pas supporté voir grandir un tel mouvement de l’autre côté de la frontière et ont pris conscience que l’organisation politique qui était en train de se mettre en place sur son territoire, à travers les municipalités du BDP (parti majoritaire dans la plupart des villes kurdes) devenaient une menace pour l’État. En effet, le projet politique qui est en train de s’instaurer dans le Kurdistan Nord (en Turquie) et dans le Kurdistan Ouest (en Syrie) réside en une délocalisation du pouvoir centriste de l’État vers les municipalités qui coordonnent les assemblées de quartiers et de villages et qui favorisent la solidarité entre celles-ci. C’est ce qui est appelé par le mouvement kurde l’autonomie démocratique (inspiré du municipalisme libertaire de Murray Bookchin). Ce projet politique prône donc l’auto-organisation du bas vers le haut (coordonnée par les structures confédérales), mais aussi l’égalité des genres porté par le mouvement des Femmes Libres, ainsi qu’une économie écologique et coopérative.
Ce projet révolutionnaire ne peut que faire peur aux États, vu qu’il est diamétralement opposé à leurs intérêts, et c’est bien pour cela que l’État turc – extrêmement nationaliste – a de nouveau déclaré la guerre aux Kurdes. Il s’agit donc d’une contre-révolution, dirigée vers les populations kurdes qui sont en train de prendre leur autonomie de fait.
Début de génocide, sous coup d’État civil
Depuis l’été 2015, la guerre déclarée contre les Kurdes n’a fait qu’escalader en intensité, faisant entrevoir un génocide. Les mesures d’exception décrétées pour les Zones de Sécurité Spéciale (qui englobent une bonne partie du territoire kurde) permettent de passer au-delà de tout contrôle social, politique ou juridique sur les massacres ordonnés par le gouvernement. Le premier ministre turc a fait passer une directive aux commandants de la police et de l’armée qui en gros revient à leur promettre l’impunité face aux massacres commis sur la population (désignée comme « terroristes »).
Au bout de plusieurs mois de perquisitions et d’arrestations massives, les médias kurdes ont commencé à parler de « génocide politique ». En effet, plusieurs milliers de militant.e.s et élu.e.s ont été arrêtés, et souvent gardé.e.s en prison préventive (illes peuvent attendre des années avant d’être jugé.e.s). Les porte-paroles du BDP ont été les premiers.ères à être ciblé.e.s ; une bonne partie des co-maires des 103 municipalités du BDP ont été incarcéré.e.s. Une femme du BDP nous a fait remarquer que malgré que le gouvernement ne reconnaisse pas l’existence de la co-présidence, quand il s’agit de réprimer, il s’en prend bien aux deux co-représentant.e.s.
À cela s’ajoutent les procès aux journalistes et avocat.e.s qui osent raconter ce qu’il se passe. D’après le rapport du KJA de février 2016, l’accès internet à plus de 90 portails et sites d’information a été bloqué par le gouvernement, et 23 sites internet traitant principalement la « question kurde » ont été fermés. De même, les personnes étrangères qui pourraient être témoins sont expulsées et parfois interdites de revenir en Turquie pendant 5 ans.
Notre délégation a finalement pu se rendre partout où c’était prévu, mais nous avons été fouillées et interrogées à de nombreux check-point sur les routes et lors des manifestations pour la journée mondiale des femmes, à Mardin, Kızıltepe (où le rassemblement était entouré de flics et de snipers positionnés sur le toit, puis la sonorisation a été coupée) et à Diyarbakır. Pendant toute la semaine précédant le 8 mars, des manifestations étaient prévues dans plusieurs villes du Kurdistan, la plupart ont été interdites ou alors boycottées par les multiples contrôles postés à différents endroits de la ville où les policiers répandaient la rumeur d’une alerte à la bombe. Cette terreur semée par le gouvernement tente de faire peur aux femmes et de les démobiliser.
Les bombardements des positions des guérillas dans les montagnes (dans le Kurdistan en Turquie et en Irak), ainsi que des cimetières des combattant.e.s (qui ont été quasiment tous ciblés) ne cessent depuis le mois d’août 2015. Les jours que nous avons passé à Diyarbakir, nous avons vu (et surtout entendu!) les avions de chasse décoller et survoler la ville en passant la barrière du son en direction du sud-est. En quelques heures, nous en avons compté une quinzaine. Mais sans doute le plus grave c’est le massacre de plus de 700 personnes dans les villes kurdes, y compris de très nombreux bébés, enfants et personnes âgées.
Programme de gentrification brutale : exemple de Cizre
Au delà de ces tueries, le gouvernement entreprend de raser les villes kurdes rebelles (qui ont déclaré leur autonomie) et remplacer leur population (par des populations favorables au gouvernement AKP). Le gouvernement a mis en place un programme pour « éliminer de la carte les villes terroristes », puis est occupé depuis 8 mois à passer le rouleau-compresseur sur toutes les villes kurdes qui ont déclaré leur autonomie face à l’État. Mises sous « couvre-feu » 24h/24, ces villes et ces quartiers sont assiégés (impossible d’y accéder ou d’en ressortir), coupées de toute communication, privée d’eau et d’électricité. Ce sont des centaines de milliers de personnes qui se retrouvent en état de siège et attaquées par les forces de police et de l’armée. Et ce, durant des semaines, ou des mois, allant jusqu’à 100 jours à Sûr (centre-ville historique de Amed) ; comme on nous l’a dit plusieurs fois « la résistance de Sûr a été encore plus longue que celle de la Commune de Paris qui a duré deux mois ». Depuis décembre, l’État attaquait trois villes simultanément : Cizre, Sûr et Silopi. Après plus de 3 mois, l’État a déclaré « l’opération finie », ce qui n’implique que l’arrêt de l’artillerie lourde, mais l’occupation policière et militaire et le harcèlement quotidien perdure.
Le programme de l’État est clair : vider ces villes kurdes, détruire les quartiers en résistance, reconstruire des barres d’immeuble à leur place, et faire venir une population non-kurde ou en tous cas favorable au gouvernement. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les pelleteuses font leur travail dans les quartiers en ruines de Sûr et Cizre : elles détruisent les seuls bâtiments qui sont restés debout et enlèvent des tas de gravats pour niveler le sol et faire place aux nouveaux bâtiments. En effet, la quasi-totalité des parcelles des quartiers dévastés de Sûr ainsi que de 8 autres districts viennent d’être expropriées par une procédure d’urgence qui empêche tout recours, et vont être cédées au TOKI, l’organisme privé mais allié de l’État qui fait de la spéculation immobilière et qui construit des quartiers entiers de barres d’immeubles.
Notre délégation n’a pas pu accéder aux quartiers assiégés de Sûr car le siège était encore en place. Mais nous avons entendu des bombes lancées sur le quartier, nous avons vu les hélicoptères survoler quasi en permanence ces quartiers, et entendu les récits de proches d’habitant.e.s de Sûr. Pendant notre séjour à Amed, deux histoires de Sûr faisaient le tour des réseaux sociaux. L’une concernait des jeunes hommes arrêtés à Sûr, ayant été torturés par la police, puis déshabillés et pris en photo (nous ignorons leur sort). Puis celle d’une vieille dame de 80 ans, blessée, qui avait appelé maintes fois les secours, toujours bloqués par la police ; elle a fini par être évacuée portée par son mari et des proches ; ils ont tous été incarcérés, sauf elle qui est finalement décédée en arrivant à l’hôpital.
Nous avons pu nous rendre à Cizre, au 3ème jour d’ouverture de la ville (levée partielle du couvre-feu). Arrivées au 4ème et dernier check-point à l’entrée de la ville, après de nombreuses fouilles et contrôles de nos passeports, nous y sommes restées bloquées pendant plus de 3 heures, la police ne voulant pas nous laisser passer, « qu’est-ce que vous faites là ? C’est la guerre ici, ce n’est pas un endroit pour faire du tourisme ! »… Cet officier nous admet donc que c’est la « guerre », ce qu’ils s’efforcent de nier généralement. Au final, par un coup de chance (un fonctionnaire des affaires étrangères passait par là et a donné son feu vert, après avoir examiné nos passeports une énième fois), nous réussissons à accéder à Cizre.
Nous y avons été guidées dans tout le quartier démoli par une jeune femme de la mairie. Pratiquement tous les bâtiments ont été réduits à des gravats, y compris des bâtiments de 5 étages. Des habitant.e.s du quartier nous ont fait rentrer dans les sous-sols où s’étaient réfugiées plus de 150 personnes, parmi lesquelles plusieurs étaient blessées dû à l’écroulement des bâtiments. Après plusieurs semaines pendant lesquelles les blessé.e.s mouraient petit à petit, et personne ne pouvait ressortir sans se faire abattre, l’armée a fini par mettre le feu aux sous-sols et brûlé vives les survivant.e.s. Les soldats ont ensuite sorti les cadavres, en laissant derrière eux des membres éparpillés dans les sous-sols. Des habitant.e.s ont voulu fermer l’accès aux sous-sol par respect pour les personnes assassinées, mais les flics ont à chaque fois rouvert leur accès, nous a-t-on dit « pour que tous les gens voient ça et prennent peur ». Quand nous sommes rentrées, les habitant.e.s avaient débarrassé les membres des corps meurtris qu’illes avaient retrouvés, sauf un os et une main calcinée. L’odeur de mort du deuxième sous-sol nous a empêché d’y rester plus que quelques secondes…
Les murs de la ville (y compris à l’intérieur des maisons) sont recouverts de tags racistes, de symboles nationalistes, et de menaces de viols, laissés par les forces de l’État. On nous a aussi montré le lieu où s’était réfugiée une femme qui se faisait tirer dessus par les snipers. Elle a fini par être abattue dans son refuge, puis les soldats l’ont déshabillée et ont pris des photos de son corps nu pour les montrer sur les réseaux sociaux. Ceci est une pratique courante ces derniers mois. Beaucoup de femmes que nous avons rencontrées interprètent ceci comme une tentative de faire peur aux femmes car « ils savent que les femmes sont une menace pour l’État et la mentalité patriarcale ». Les femmes portent la résistance en elles, ce sont les mères qui parlent en kurde à leurs enfants et qui transmettent leur culture. Le mouvement des femmes prend une place énorme au sein de la lutte kurde, et ceci fait peur à l’État.
L’État n’arrive pourtant pas à prendre le contrôle de ces villes
Les groupes d’autodéfense des quartiers organisés par les jeunes femmes et hommes se battent avec de simples fusils contre la deuxième armée la plus puissante de l’OTAN. Face à la détermination de ces jeunes et le soutien de tout le quartier, les forces de l’État ne réussissent pas à pénétrer dans ces quartiers en lutte. Ils bombardent depuis leurs véhicules blindés de là où ils accèdent, et parfois depuis les collines environnantes ou encore depuis les hélicoptères. L’État aura mis 3 mois à mettre à bout la résistance à Cizre et à Sûr. Les groupes d’autodéfense ont résisté jusqu’au bout, jusqu’aux dernier.ères survivant.e.s. Quant au reste de la population qui s’était réfugiée en grande partie dans les quartiers ou villes voisines, une grande partie revient en nombre chez elle. Certes, pour découvrir qu’il ne leur reste plus rien, que leur maison est sous les décombres. Mais rien ne leur fera baisser les bras. Toutes les habitantes du quartier de Cudi à Cizre que nous avons rencontrées, nous ont dit « nous ne partirons pas, on a déjà été forcées à quitter nos villages dans les années ’80-90 pour venir s’installer dans ces villes, maintenant nous ne partirons plus » ; « ils ont beau tué nos corps, ils ne tueront pas notre idéologie ».
Les réfugié.e.s reviennent chez elles dans des quartiers dévastés
Ce sont près de 400.000 personnes (chiffres au mois de mars) qui ont dû fuir les attaques de l’État et quitter leurs maisons avant qu’elles ne se fassent détruire. Nous avons rencontré une chercheuse de l’institut de recherches sociales SAMER. Selon leurs études récentes, les personnes réfugiées de ces villes attaquées, prennent souvent refuge chez des proches dans les quartiers voisins ou les villes proches, et pour la plupart reviennent une fois le siège levé. Dans les années 1980-90, deux millions de Kurdes avaient été forcé.e.s à la déportation vers les villes kurdes (qui ont vu leur population se multiplier en peu de temps) ou vers les villes de l’ouest de la Turquie, ou encore vers l’Europe. Par contre, actuellement, la plupart des gens restent au plus proche et sont déterminées à ne plus se laisser déplacer.
Face à cela, le mouvement kurde s’organise pour pouvoir reconstruire ces quartiers et permettre aux habitant.e.s de retourner là où elles habitaient. Pour l’instant, l’urgence c’est de fournir à toutes ces personnes des quartiers de Sûr et de Cizre le minimum vital. Des camps de réfugié.e.s sont en train de se mettre en place (d’abord à Silvan) pour fournir un abri et de la nourriture aux familles qui ont perdu leurs maisons et toutes leurs affaires. L’Association Solidarité Rojava qui s’était créé pour venir en aide aux réfugié.e.s de Kobanê, centre son attention en ce moment dans la récolte de fonds et l’approvisionnement en tentes et nourriture pour ces personnes qui ont tout perdu dans les villes assiégées du Bakûr. Les 2 co-responsables de l’association avec qui nous nous sommes entretenues, nous ont demandé de relayer leur appel urgent en rappelant comment l’aide venue de l’extérieur avait été précieuse après la libération de Kobanê. Illes nous ont dit que « les villes du Bakûr attaquées maintenant sont comme Kobanê. C’est là qu’il faut envoyer de l’aide. La guerre continue, d’autres villes sont attaquées et détruites par le gouvernement. L’État a dit « on va détruire le Kurdistan ». » Illes ont insisté sur le besoin urgent que l’aide soit organisée par les organisations civiles en Europe car illes savent bien que les États ne vont pas aider facilement.
L’urgence humanitaire est évidente, vu la destruction provoquée par l’État. Mais le choix qu’ont fait les habitant.e.s de ces quartiers est avant tout politique : illes ont résisté à l’assaut de l’État et, malgré avoir tout perdu, sont prêtes à revenir là d’où elles ont été chassées et sont déterminées à toujours résister, même contre les pelleteuses qui essaient de faire table rase des quartiers. Pour notre délégation, soutenir ces personnes dans ce choix c’est porter un soutien, non seulement humanitaire, mais aussi politique. C’est pourquoi nous tenons à relayer cet appel aux organisations sociales et aux militant.e.s et révolutionnaires à se solidariser avec la population de Silvan, Sûr et Cizre. Puis, comme nous le rappellent les responsables de l’association Rojava, d’autres villes sont actuellement en guerre : c’est le cas de Nusaybin, Idil, Gever, Dargeçit, Şırnak, puis ensuite ce sera le tour d’autres villes encore.
L’Europe garde le silence et finance l’État turc
Lorsque notre délégation parcourait les rues saccagées de Cizre, une femme nous interpelle : « C’est maintenant que vous venez ? Où était l’Europe pendant qu’on se faisait massacrer ? Tout le monde a pu voir les images des sous-sols. Pourquoi personne n’a rien fait ? Nos vies valent-elles aussi peu ?… » Une autre femme complète : « Les images et les vidéos des sous-sol ont tourné sur les réseaux sociaux minute par minute. On peut croire que dans les années ’90 les gens n’étaient pas au courant de ce qu’il se passait, mais maintenant tout le monde sait. »
Inutile de leur répondre que les États européens ont accepté le chantage d’Erdoğan et ont acheté leur silence en échange de la fermeture de la frontière turque avec l’Europe aux personnes réfugiées. Les médias de masse suivent au pied de la lettre les consignes des gouvernements européens et ne relayent que les attentats ou certaines ripostes contre l’armée. Les Kurdes se demandent où vont les 6 milliards d’euros versés par l’UE à l’État turc – soit disant pour accueillir les réfugiée.s. Ce qui s’entend couramment là-bas c’est que cet argent finance Daesh ainsi que la guerre contre les Kurdes.
Cette complicité mafieuse des États qui vendent leur image d’États ‘démocratiques’ est d’autant plus dangereuse lorsque l’on pense à l’alliance de l’AKP avec Daesh, et aux références qu’a fait Erdoğan au régime nazi en tant que modèle « efficace »…
Repris de Merhaba Hevano n°4.