Interview de volontaires du Bataillon International de Libération au Rojava

Le site de l’organisation maoïste OCML-VP a publié une interview avec deux volontaires révolutionnaires français partis se battre au Rojava, André et Jacques [Les prénoms ont été changés par sécurité]. Les deux ont combattu dans le Bataillon international de libération (IFB), et André également dans les Unités de protection du peuple (YPG). Les volontaires révolutionnaires étrangers ne se retrouvent pas uniquement dans l’IFB, beaucoup combattent également dans les YPG.
Nous reproduisons sur le blog de Ne Var Ne Yok cet instructif entretien…

Pourquoi êtes-vous partis au Rojava ? Pourquoi avez-vous rejoint le Bataillon ou les YPG ?

Jacques : il y en a plusieurs. D’abord, les transformations en cours là-bas, la révolution sociale qui a lieu. Il y a eu un premier appel des YPG aux volontaires étrangers. Puis, au printemps 2015, le Bataillon international s’est constitué ; j’y suis allé avec pour objectif de le rejoindre.
André : j’étais impliqué dans le milieu militant ici, en France. J’ai découvert que le PKK avait révisé la lecture stalinienne du marxisme, tout en étant en rupture avec la social-démocratie. C’était en accord avec mes convictions révolutionnaires. En plus, le Rojava fait face à des ennemis de nature néo-fasciste : ne pas y aller, cela aurait été être en contradiction avec ce que je défendais. Il y a aussi beaucoup de volontaires étrangers dans les YPG.

Quelle est la journée d’un brigadiste ?

J. : C’est très monotone la plupart du temps. On se lève, on prend le petit-déjeuner. Le reste de la journée on ne fait pas grand-chose, à part lorsqu’il s’agit d’assurer son tour de garde. On boit aussi beaucoup de thé ! Mais parfois tout va très vite lorsqu’il y a une alerte. On a pu passer plusieurs jours à se déplacer constamment, à ne dormir que 4 heures par nuit. Une fois, des combattants de Daesh ont tenté de franchir les lignes : nous sommes restés fusil en main tout une nuit.
A. : Lorsque le front est stable, on a parfois passé des journées à construire des positions défensives. On nous envoie patrouiller le long des routes pour vérifier qu’il n’y a pas de mines laissées en arrière par Daesh. Il y a une différence de rythme entre les périodes d’opérations d’un côté, lorsqu’on est au combat, et les périodes de repos de l’autre, consacrées à l’entrainement.

 

Quels sont vos rapports avec la population ?

A. : Nous n’en avons quasiment pas. Sur le front, les villages sont désertés. Lorsque j’ai eu l’occasion de me rendre en ville, les habitants saluent les étrangers sous l’uniforme des YPG. En fait, comme les YPG ne sont pas une armée classique mais une milice, le peuple on le rencontre dans ses unités. Ce ne sont pas des militaires professionnels, mais des gens venus du peuple.
J. : Là ou la population civile est encore présente, les contacts sont excellents, que ce soient avec les Arabes ou les Kurdes. Dans la région de Jarabulus, la population arabe a suivi les YPG lorsqu’ils ont reflué devant l’armée turque. Lorsque nous étions stationnés près de Manbij, un couple de vieux arabes nous amenaient tous les jours du thé et des figues. Cependant, dans certains cas nous avons été accueillis très froidement, comme dans la région de Suruk, qui est peuplée principalement de Turkmènes qui ont sympathisé avec Daesh.
A. : Lorsque les YPG approchent, la population a d’abord peur de nouvelles violences. Puis en une heure ou deux, ils constatent que les combattants des YPG sont respectueux, et ils laissent éclater leur joie d’être libérés. Les femmes enlèvent leur niqab, les hommes se remettent à fumer dans la rue. Ce qu’on nous réclame le plus, c’est les cigarettes ! On entend beaucoup de mensonges ici, comme ce fameux rapport d’Amnesty International qui prétend que les YPG chassent les Arabes. C’est complètement faux. Je n’ai jamais entendu parlé de ça, c’est même exactement le contraire. Le Rojava est multiethnique et démocratique.

 

Qu’avez-vous vu des transformations politiques et sociales en cours au Rojava ?

J. : J’ai assisté à une séance du conseil législative du canton de Cezire. La langue principale de débat, c’est l’arabe : en effet, c’est la seule langue que tout le monde maîtrise à l’écrit. Il y a un vrai pluralisme ethnique. Les compte-rendus sont retranscrits à la fois dans les 3 langues officielles : l’Arabe, le Kurde et l’Assyrien. Plusieurs partis sont représentés. Il y a même des élus du PDK, le parti de Barzani pourtant très hostile au PKK. On trouve également plusieurs organisations communistes kurdes et syriennes.
A. : Le cœur de la vie politique, c’est la commune, qui rassemble les habitants d’un village ou d’un quartier. Les gens y discutent de tous les sujets. Pour moi, c’est ça le changement le plus important. Je sais que dans les entreprises se développent des conseils de travailleurs, les coopératives. Mais il y a aussi des débats sur des questions économiques importantes. Par exemple, faut-il passer des accords avec des firmes pétrolières étrangères pour relancer la production de pétrole ? Les investissements étrangers sont autorisés contre leur engagement à respecter une charte de bonne conduite. Je comprends qu’ils n’aient pas tout nationalisé, ils ne vont pas se mettre la petite-bourgeoisie à dos en confisquant le petit commerce.

 

Comment sont prises les décisions dans le Bataillon et dans les unités de base des YPG ? Est-ce démocratique ?

A. : Dans les YPG il n’y a pas de grade sur les uniformes mais chacun connaît sa place. Rien ne différencie un combattant d’un soldat, mais tout le monde sait qui est qui. Contrairement à une armée classique, il n’y a pas de discipline bête et méchante, pas de brimade. On acquiert des responsabilités si on fait ses preuves. Les membres d’une unité se rassemblent régulièrement dans le cadre des Tekmîl, afin de pouvoir proposer ou critiquer, même les commandants. Il y a aussi des autocritiques. Mais ça marche plus ou moins bien en fonction du groupe. Ça génère parfois des prises de consciences et ça fait changer les choses. Le Tekmîl se réunit à peu près une fois par semaine. Il y a un équilibre entre efficacité militaire et respect de l’opinion et de la dignité de chacun.
J. : Dans le Bataillon, à l’échelle de l’équipe (3 à 5 combattants) le Tekmîl se réunit une fois par jour. Ça ne veut pas dire que chacun fait ce qu’il veut. On ne conteste pas un ordre dans le feu de l’action. C’est une armée révolutionnaire très différente d’une armée classique, mais ça reste une armée. Les postes de commandants sont répartis entre les 3 partis politiques principaux au pro-rata de leur importance numérique : ce sont le MLKP [Parti Communiste Marxiste Léniniste de Turquie et du Kurdistan], le TKP/ML-TIKKO [Armée Ouvrière et Paysanne de Libération de la Turquie (Türkiye İşci ve Köylü Kurtuluş Ordusu), branche armée du TKP(ML), le Parti Communiste de Turquie (marxiste-léniniste)] et le BÖG [Forces Unies de Libération]. Après, on est tenu d’obéir à son commandant quoi qu’il arrive, même si il n’est pas du même parti. Les postes sont redistribués régulièrement. Le Bataillon (« Tabur ») est divisé en « Takim », eux même divisés en équipes. D’ailleurs, le MLKP et le TKP/ML ont aussi leurs propres Taburs de combats en dehors du Bataillon international, leurs militants vont de l’un à l’autre.
A. : Dans les YPG, j’ai remarqué que les cadres du PKK des unités étaient régulièrement envoyés à des formations politiques à l’arrière. Dans le Bataillon, entre combattants, nous avions surtout des discussions politiques informelles. A notre demande, le MLKP nous a fait une formation sur l’histoire des différentes organisations révolutionnaires de Turquie.
J. : Le Bataillon est constitué de militants de différentes organisations politiques. Chaque parti membre du Bataillon organise des formations politiques pour ses membres, mais uniquement pour eux. 90% des combattants viennent de Turquie. Le reste, ce sont des occidentaux. Nous avons organisé des formations et des discussions entres nous : sur le Capital financier, sur la lutte de libération nationale irlandaise… Mais il y a la barrière de la langue, puisque les volontaires viennent de partout, ça limite les discussions. L’idéologie et la politique sont omniprésentes. Même sur le front, dans les combats, tu as des discussions avec les camarades sur la question de l’oppression des femmes, sur l’anarchisme…

 

Quelle est la place des femmes ?

J. : Les femmes sont un peu moins nombreuses dans le Bataillon que dans les YPG. Elles peuvent se réunir en Tekmir non-mixte pour discuter. Dans chaque Tabur, le commandant (qui peut être un homme ou une femme) est secondé par un adjoint et une adjointe.
A. : Ça fait fort effet à la population des zones libérées de voir des femmes combattantes, qui plus est sans voiles. C’est à l’exact opposé du patriarcalisme et du paternalisme ambiant, chez les Kurdes comme chez les Arabes. Il y a des femmes très haut placées dans la hiérarchie, elle dirigent parfois des opérations stratégiques de grande envergure.

 

L’armée turque vient d’entrer en Syrie, pour soutenir des groupes armés islamistes, et pour empêcher que les cantons de l’Ouest et de l’Est du Rojava puissent se rejoindre. Par ailleurs, les Occidentaux soutiennent des groupes djihadiste comme le Front Al-Nosra face à Daesh et au régime d’Assad. Qu’avez-vous à dire à ce propos ?

A. : Les YPG ne renonceront jamais à briser le siège du canton d’Efrin, qui dure depuis le début de la guerre. Tant que le Rojava ne sera pas unifié, ce sera la guerre. Par ailleurs, il y a une porosité entre Al-Nosra, Daesh, et tous ces groupes là. A Hassaké, des camarades ont découvert des drapeaux d’Al-Nosra en prenant des repères de Daesh. Ils combattent côte-à-côte. Jarabulus est tombé en seulement une ou deux heures de combat, alors que la ville était pleine de combattants de Daesh, notamment ceux chassés de Manbij. Il y a forcément une complicité entre l’armée turque et Daesh. Dans leur retraite Daesh abandonne du matériel militaire moderne, ils possèdent tout un tas d’équipement que nous n’avons pas. Ils sont même mieux nourris que nous. Ils ne peuvent l’avoir obtenu qu’avec la complicité d’Etats étrangers. Pas de doute que la Turquie les soutient.
J. : J’aimerai ajouter qu’il n’y a pas d’alliance entre le régime d’Assad et les YPG. 1000 combattants YPG sont morts face aux forces du régime. Assad attend juste le bon moment pour se retourner contre les Kurdes. Au mois d’Août, il a bombardé les positions des YPG avec ses avions de chasse. Les Kurdes répètent que « lorsque les Américains en auront fini avec Daesh c’est nous qu’ils bombarderont. » L’Allemagne avait permis à Lénine, en 1917, de rejoindre la Russie. Comme Lénine, les Kurdes ont raison de profiter des contradictions de leurs ennemis.
A. : Le fait que le Rojava ai accepté l’aide américaine ne veut pas dire qu’ils sont devenus des suppôts de l’impérialisme. Les Kurdes sont obligés de composer avec lui, même si dans un second temps il faudra le combattre. Ils sont conscient de cela, et ils passent leur temps à critiquer l’impérialisme.

 

Pour conclure, que souhaitez-vous rajouter ?

J. : On a le droit de critiquer des choses à Rojava, mais il faut vraiment s’engager dans le soutien. Des organisations nous soutiennent dans des déclarations, sur internet, c’est bien, mais que font-elles concrètement pour nous aider ? Il est déjà tard, mais pas trop tard. Au Rojava nous avons l’occasion de vivre un processus révolutionnaire vivant. On ne peut pas juger ce qui se passe là-bas avec une grille de lecture dogmatique. En 1917, la politique des Bolcheviks en Russie ne pouvait pas être dogmatique. Ils ont dû accepter des reculs tactiques pour sauvegarder la révolution. Aujourd’hui le Rojava est un sanctuaire pour les mouvements révolutionnaires de toute la région. On y croise des Turcs, des Iraniens, des Arméniens… Une dynamique révolutionnaire régionale se met en place.

Peu après cet interview, nous apprenions la mort du martyr Michael Israël (nom de guerre Robin Agiri), membre du Bataillon International de Libération en 2015, et militant au syndicat anarchiste IWW aux États-Unis. Il a été assassiné par des frappes aériennes turques le 24 novembre 2016 alors qu’il prenait un village des mains de Daesh à l’ouest de Manbij, alors qu’il était volontaire au sein du Conseil militaire de Manbij, allié aux Forces démocratiques syriennes (dont les YPG sont la principale composante). Michael avait 27 ans. André et Jacques ont combattu à ses côtés. « La mort n’éblouit par les yeux des partisans » !

 

Propos recueillis par l’OCML VP – Automne 2016

Le poème « Yeryüzü aşkın yüzü oluncaya dek » de Adnan YÜCEL.

 

https://vimeo.com/156379682

Jusqu’à ce que la face de la Terre soit la face de l’amour !

La vie était sans amour et fracassée
dans la noblesse d’un engagement je t’ai trouvée
je t’ai aimée dans la beauté d’un combat.
il n’est pas fini, il continue ce combat
et il continuera
jusqu’à ce que la face de la Terre soit la face de l’amour !
tous les maîtres de la Vie avaient dit «amour »
aimer une beauté avec amour
et être capable de se battre pour cette beauté.
voici sur ton visage des fleurs d’amande
dans tes cheveux la terre qui sourit et le printemps.
es-tu la lutte dans laquelle je t’ai aimée
serais-tu la beauté même de ce combat.
dans la noblesse d’un engagement je t’ai trouvée
je t’ai aimée dans la beauté d’un combat.
ils ont coupé mille fois nos pousses fraiches
ils les ont cassées mille fois.
voici, nous sommes encore en fleurs, nous sommes en fruits
ils ont noyé mille fois le temps dans la peur
ils ont tué mille fois
voici, nous sommes encore en naissance, nous sommes en joie
il n’est pas fini, il continue ce combat
et il continuera
jusqu’à ce que la face de la Terre soit la face de l’amour !
depuis les premières rivières que nous avons traversées
nos pieds sont les pieds de l’eau
nos mains sont mains de roche et de terre.
nous nous multipliions lors des matins assoiffés de pluie
nous nous mettions debouts avec cérémonie sur vos tours
nous chantions des chansons d’une seule musique
d’une seule voix, d’un seul coeur
c’était nous qui peignions de violet les montagnes
notre jeunesse n’était pas encore autant pillée
ni la tristesse des morts au crépuscule
ni la joie des naissances dans l’aube
ô nature, qui crée des fossoyeurs d’une main
et de l’autre dépêche des sage-femmes
notre appel est pour toi seule
nous vivons comme nous le pouvons ta beauté
il n’est pas fini,il continue ce combat
et il continuera
jusqu’à ce que la face de la Terre soit la face de l’amour !
les palais, les règnes s’effondrent
le sang se tait un jour
la persécution se termine.
les violettes éclosent sur nous
les lilas rient
ne resteront aujourd’hui d’avenir
que ceux qui vont à demain
et ceux qui résistent pour les lendemains
les poèmes sont murs pour éclore
les sentiments sont murs pour pleuvoir
et le cœur
est sur les cimes inaccessibles des images
ô ceux qui disent que tout est fini
ceux qui se nourrissent de la résignation à la table des peurs.
ni les fleurs dans les prairies
ni les colères grandissantes dans les villes
n’ont encore dit adieu.
il n’est pas fini, il continue ce combat
et il continuera
jusqu’à ce que la face de la Terre soit la face de l’amour !

Les jeunes kurdes d’Europe multiplient les attaques contre les intérêts turcs dans différents pays

Depuis le début du mois de novembre la colère contre le régime fasciste turc gagne les villes européennes. Les attaques de consulats ou de représentations turques se multiplient. En voici un petit tour d’horizon… Vivement la suite !

Des dizaines d’actions directes ont été menées ces dernières dans toute l’Europe, mais particulièrement en Allemagne, contre des intérêts de l’État ou des organisations fascistes et islamistes turques.

28 novembre, Hamburg.

Attaque incendiaire contre des locaux liés au parti fasciste MHP.

https://www.youtube.com/watch?v=QDQk-8q1irA

20 novembre, Paris

Attaque du rassemblement pro-Erdoğan sur la place de la République.
Alors que la Turquie sombre de plus en plus dans la dictature, dimanche 20 novembre un rassemblement pro-Erdoğan avait lieu place de la République à Paris. Une contre-manifestation a eu lieu pour s’y opposer.

Une contre-manifestation a attaqué le rassemblement, malgré la protection policière, et en particulier son service d’ordre. Repoussée par la police, une manifestation sauvage s’est élancée (Réaumur-Sebastopol – Strasbourg St-Denis – Gare de l’Est) avec de nombreuses barricades, des affrontements avec les flics, et une pluie de lacrymogènes. Les organisations kurdes parlent de « 12 fascistes blessés et 7 camarades en garde-à-vue ».

8 novembre, Londres

La vidéo ci-dessous montre l’attaque qui a eu lieu à Londres le 8 novembre contre le Diyanet İşleri Başkanlığı (Direction des Affaires Religieuses) et la Société Islamique Turque. Une trentaine de jeunes kurdes tirent des engins pyrotechniques, brisent les vitres et taguent « Turquie = ISIS (DAESH) » sur les murs.

Lire aussi : Mettre la pression sur le régime fasciste turc !

6 novembre, Nantes

Le consulat de Turquie à Nantes a été visé dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 novembre par des jets de cocktails Molotov. Les bouteilles incendiaires ont été lancées sur une façade latérale, sans ouverture, du bâtiment un peu avant minuit. Des investigations étaient en cours dimanche après-midi et aucune interpellation n’avait encore eu lieu. Plusieurs manifestations prokurdes se sont déroulées à Nantes ces dernières semaines, de même qu’à Rennes, à Paris ou à Marseille, où plusieurs centaines de personnes ont encore défilé samedi.

5 novembre, Grevenbroich (Allemagne)

Des militants de l’Initiative de la Jeunesse Apoïste a mené une attaque contre les bureau de l’UETD (Union des Démocrates Européens et Turcs), à Grevenbroich (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), la semaine passée, en représailles à l’assassinat de deux combattantes des YJA-Star. Celles-ci ont été abattues par des militaires turcs (avec des armes vendues par l’Allemagne) après leur reddition.

4 novembre, Kassel (Allemagne)

La photo ci-dessous est celle de l’incendie à Kassel, le 4 novembre,de la voiture du responsable du club Ülkü Ocagi affiiliée à l’organisation fasciste « Loups Gris ».

Repris de Marseille Infos Autonomes.

[Istanbul] Manifestation des femmes contre le viol

15037078_10154021503013483_990337211224279175_nLe 19 novembre 2016 à Istanbul, les femmes scandaient contre le régime d’Erdogan :

« Non à la culture du viol, ici et ailleurs!
Les femmes manifestent à Istanbul contre la légalisation du viol sur mineures.
Le viol n’est pas légitimable. Le viol n’est pas discutable, c’est un crime. »
#TecavüzMeşrulaştırılamaz

Merhaba Hevalno mensuel n°9 – novembre 2016

sebahat-tuncel-arrestAvec un peu de retard, nous tenons quand même à marquer le premier anniversaire de ce projet informatif qu’est le Merhaba Hevalno (“Salut camarades !”). Le 1er octobre 2015, nous avions lancé le tout premier numéro de notre revue de presse, à l’époque hebdomadaire, sur l’actualité du Kurdistan, en réaction à la guerre à nouveau déclenchée par l’État turc contre le Kurdistan Nord. Une petite équipe s’était alors formée pour relayer le plus d’informations possible sur l’évolution de la guerre, mais également sur la résistance du mouvement de libération kurde. Après 12 numéros, soit 3 mois, l’aventure éditoriale a pris une autre tournure : un mensuel, nourri de textes d’analyse, en plus de brèves pour suivre l’actualité. Nous en sommes aujourd’hui au 9ème numéro, avec de plus en plus de lectrices et de lecteurs.

Comme nous sommes un peu oldschool, nous croyons encore à la diffusion papier de cette revue, mais nous n’avons pas les moyens de l’assurer de notre côté, nous comptons donc sur vous pour la photocopier et la diffuser autour de vous. Il y a un an, nous espérions naïvement que ce projet de revue de presse ne durerait que le temps que la tension redescende, mais la situation n’a fait que s’aggraver, surtout à cause du mégalomaniaque Erdoğan, qui s’est lancé dans une « croisade » anti-Kurdes, créant les bases d’une véritable guerre civile en Turquie, et reversant de l’essence sur le feu du Moyen Orient, dans l’espoir de devenir le Sultan de la région entière. Ce mois-ci nous nous focalisons sur deux gros dossiers qui illustrent l’escalade de la guerre. En Turquie, c’est l’arrestation des leaders kurdes, et plus spécifiquement des député.e.s qui étaient un peu les seul.e.s à ne pas encore être tombé.e.s dans les filets de la répression. C’est sans doute la dernière étape dans l’illégalisation des partis DBP et HDP. Pendant ce temps en Irak, c’est la fameuse « opération Mossoul » qui a finalement été lancée par un mélange inédit de forces militaires. Mossoul étant la capitale de l’État Islamique, sa reprise prend une signification politique primordiale. Depuis des mois, les dirigeants des puissances régionales et mondiales se servent de cette perspective de « libération » pour leur propagande anti-terroriste.

C’est à partir de maintenant que va se jouer ce qui reste la question centrale, mais pas du tout résolue, à savoir : qui va succéder à l’État Islamique ? Comment va se répartir le pouvoir entre les différentes forces militaires qui participent à sa chute ?… Cette bataille est sans doute un moment charnière dans la géopolitique mondiale, certains analystes parlent même de « 3ème guerre mondiale » tellement les enjeux qui s’y jouent sont d’échelle planétaire.

Mais tous ces combats militaires et ces sublimes démonstrations du pouvoir patriarcal ne nous font pas oublier que ce sont les gens qui, à la base, en sont les premières victimes (touchées par l’exil, la prison, les armes chimiques, la mort), mais qui continuent aussi de se battre pour développer leur révolution, en particulier au Rojava. Un très beau texte de Dilar Dirik, cette chercheuse kurde dont on ne se lasse pas de relayer les articles, nous emporte dans la (re)découverte de cette révolution au nord de la Syrie. Ce texte étant très long, nous avons choisi de traduire ce mois-ci la première moitié ; la suite, très prochainement… Puis Kedistan – dont nous reproduisons également plein de textes – nous fait partager un témoignage d’une personne intersexe et son expérience en tant qu’enfant intersexe au Bakur. Notre intention n’est clairement pas de montrer comment les discriminations de genre sont abominables là-bas loin de chez nous ; au contraire, ce texte nous rappelle comment l’intersexualité est toujours un sujet tabou en France (à tel point que des mutilations sont pratiquées à la naissance pour tenter de cacher son existence).

Nous clôturons encore une fois cette revue avec l’amère sensation de ne pas contribuer assez à faire connaître la réalité du Kurdistan et les enjeux politiques qui s’y jouent en ce moment, et de ne pas faire partie d’un véritable élan qui crie haut et fort sa solidarité. Le mouvement kurde ne cesse de lancer des appels à la solidarité, souvent tournés vers les politicien.nes, qui ont plus de chance de faire changer les choses, certes, mais tous les gestes de solidarité sont les bienvenus. Le mouvement des femmes appelle régulièrement les femmes du monde entier à se montrer solidaires. Nous vous rappelons qu’une campagne est lancée sur le site de Kedistan pour envoyer des cartes postales aux prisonnières kurdes en Turquie.

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SOMMAIRE

  • Edito p. 2
  • Détruire le mouvement kurde
  • Anéantir le peuple kurde et ses représentants p. 3
  • Lettres de Demirtaş p. 4
  • Être une erreur kurdo-turque p. 5
  • « Je détruirai les prisons avec mon stylo et mon pinceau » p. 8
  • Être un enfant intersexe en Turquie. p. 10
  • Le Rojava : oser imaginer [partie 1] p. 11
  • La Bataille de Mossoul
  • La question kurde et l’opération de Mossoul p. 14
  • Mossoul, clé de l’avenir d’un irak unifié p. 16
  • Entretien avec Bese Hozak, co-présidente du KCK p. 19
  • Libération de Mossoul ? p. 21
  • Dans votre « monde » et le nôtre p. 22
  • Glossaire & agenda p. 24
  • Solidarité avec les prisonnières p. 24

* * *

Nous voudrions, en publiant ce bulletin Merhaba Hevalno, mettre en mots et en acte notre solidarité avec les mouvements de résistance au Kurdistan.

Ce bulletin mensuel autour de l’actualité du Kurdistan est notamment rédigé depuis la ZAD de NDDL, mais pas seulement ! Un certain nombre de camarades de Toulouse, Marseille, Angers, Lyon et d’ailleurs y participent…

Pour nous contacter : actukurdistan[at]riseup.net

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