Quelques pensés sur la Syrie

1528755_594428210636707_107649569_nUn texte de


En 2011, le peuple Syrien, faisant parti d’un soulèvement transnational à travers la région, s’est soulevé en grand nombre pour demander de renverser le régime. Ce fut un soulèvement populaire spontané, originaire des zones rurales et urbaines défavorisées. C’était une réponse à des décennies de dictature, un État policier répressif, une élite de style mafia et des politiques néolibérales du régime Baathiste qui avait appauvris plusieurs couches de la population.
Ce fut un mouvement sans chef qui unissait les personnes à travers la classe, l’ethnie et les frontières religieuses. Les jeunes hommes et femmes se sont organisées horizontalement dans les comités qui ont surgi dans les villes et villages à travers le pays pour coordonner les manifestations et les campagnes de désobéissance civile et à envoyer de l’aide pour les assiégées ou les communautés bombardées. Les militants des comités ont travaillé pour coordonner les exigences de la révolution à travers le pays – pour la chute du régime et la transition vers une démocratie non-sectaire, un état civil. Au fil du temps, face à l’augmentation et la brutalité sauvage de la répression étatique, les gens se sont armés et organisés en milices populaires pour défendre les manifestants et leurs communautés contre les attaques. En 2012 il y avait une lutte militaire complète entre, d’une part, une multitude de milices populaires regroupées sous des étiquettes : «Armée Libre» et, d’autre part, l’État.

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Retour de Syrie [Interview]

Ahmed est un jeune réfugié syrien de 24 ans, arrivé en France avec sa famille il y a quelques mois. Il a pris part dès 2011 à la révolution contre le régime de Bachar Al Assad, avant d’être chassé de Raqqa par l’arrivée de l’État Islamique. Pour Lundi matin, il a accepté de raconter son expérience.

arton103Quel genre de questions est-ce qu’on te pose, en tant que réfugié, quand tu rencontres des occidentaux ?
À l’ambassade, ils m’ont demandé de « raconter mon histoire ». Ils voulaient savoir ce que je pensais de l’Islam, quelles étaient mes opinions politiques. Ils voulaient s’assurer du fait que je n’étais pas un « terroriste », que mes idées n’étaient pas du genre à rendre mon pays pire qu’il ne l’est déjà.Sinon, j’avais hier un rendez-vous à l’OFPRA [Office Français de Protection pour les Réfugiés et les Apatrides]. Avec ce qu’on m’avait raconté, j’étais vraiment inquiet à l’idée de cet entretien. Je pensais qu’on me poserait plein de questions, qu’on me demanderait plein de détails, qu’on m’accuserait de mentir. Au final, c’était pas du tout le cas, les deux femmes qui m’ont interrogé n’étaient vraiment pas méchantes. Elles n’en avaient rien à faire du régime d’Assad, seul l’EIIL [État islamique en Irak et au Levant] semblait les intéresser. Elles m’ont demandé de leur raconter mon histoire, ce qu’il s’était passé après que Raqqa ait été libérée, quand l’EIIL a surgi, avec les autres groupes islamistes. Je leur ai dit que ce qui comptait pour moi, c’était avant tout de leur parler du régime d’Assad, parce qu’il s’agit à mes yeux du problème principal. L’EIIL est un enjeu essentiel, mais qui passe au second rang derrière le régime d’Assad.

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