L’Etat turc mène une contre-révolution au Bakûr

Témoignages d’une délégation de femmes parties au kurdistan, 1ère partie.

Malgré la guerre au Kurdistan nord -Bakûr en Kurde-, le mouvement des Femmes Libres continue à se battre au quotidien pour porter les voix des femmes et se situer à la tête du mouvement de libération kurde. La journée mondiale de la femme est célébrée en masse au Kurdistan et porte toujours l’esprit de lutte de ses débuts. Une petite délégation de femmes de plusieurs origines est partie de France cette année pour rejoindre les femmes du Bakûr dans leurs célébrations du 8 mars. Nous nous sommes rendues à Amed (Diyarbakır en Turc) -ville que l’on peut considérer comme la capitale du Bakûr- puis dans le Sud à la frontière avec la Syrie : Cizre, Mardin et deux villes de sa province, Kızıltepe et Nusaybin. À travers cet article, nous avons voulu rendre hommage à ce mouvement de femmes en retransmettant une partie de leurs paroles que nous avons recueillies. Le second objectif de ce texte est de rendre compte de la situation de guerre totale -dont nous avons été témoins- déclarée par l’État turc contre la population Kurde et son mouvement de libération.

L’État turc mène une contre-révolution au Bakûr

La nouvelle guerre déclarée aux Kurdes par l’État turc s’inscrit dans la continuité de ce qu’il a toujours fait depuis sa création, d’abord entre les mains des kémalistes (Atatürk -le père des Turcs- et ses successeurs) et maintenant avec l’AKP en tête. Les années 1980-90 auront marqué l’histoire des mouvements révolutionnaires en Turquie, et en particulier du mouvement de libération kurde. Pendant cette période, la répression a été brutale : des centaines d’opposant.e.s (militant.e.s, journalistes, écrivain.e.s) ont été exécuté.e.s, et celles.eux emprisonné.e.s ont connu les pires tortures. Dans les montagnes du Kurdistan, près de 5000 villages ont été brûlés, forçant la population à la déportation vers les villes (environ 2 millions de personnes déplacées). Les négociations de paix des dernières années, impulsées par le leader kurde, Abdullah Öcalan, avaient donné de l’espoir à toute une génération orpheline, qui maintenant se retrouve à nouveau sous le feu des bombes.
Le mouvement de libération kurde qui a grandi autour du PKK a pris de l’ampleur et un écho international avec la victoire de Kobanê. En effet, le printemps arabe en Syrie a abouti à une guerre civile sur tout le territoire, à l’exception de la région nord principalement kurde, le Rojava, qui a su prendre son émancipation. On parle de révolution du Rojava en référence à ce processus auto-gestionnaire promu par le PYD, parti proche du PKK en Syrie.

Erdoğan et son gouvernement AKP n’ont pas supporté voir grandir un tel mouvement de l’autre côté de la frontière et ont pris conscience que l’organisation politique qui était en train de se mettre en place sur son territoire, à travers les municipalités du BDP (parti majoritaire dans la plupart des villes Kurdes) devenaient une menace pour l’État. En effet, le projet politique qui est en train de s’instaurer dans le Kurdistan Nord (en Turquie) et dans le Kurdistan Ouest (en Syrie) réside en une délocalisation du pouvoir centriste de l’État vers les municipalités qui coordonnent les assemblées de quartiers et de villages et qui favorisent la solidarité entre celles-ci. C’est ce qui est appelé par le mouvement kurde l’autonomie démocratique (inspiré du municipalisme libertaire de Murray Bookchin). Ce projet politique prône donc l’auto-organisation du bas vers le haut (coordonnée par les structures confédérales), mais aussi l’égalité des genres porté par le mouvement des Femmes Libres, ainsi qu’une économie écologique et coopérative.

Ce projet révolutionnaire ne peut que faire peur aux États, vu qu’il est diamétralement opposé à leurs intérêts, et c’est bien pour cela que l’État turc -extrêmement nationaliste- a de nouveau déclaré la guerre aux Kurdes. Il s’agit donc d’une contre-révolution, dirigée vers les populations kurdes qui sont en train de prendre leur autonomie de fait.

Début de génocide, sous coup d’État civil

Depuis l’été 2015, la guerre déclarée contre les Kurdes n’a fait qu’escalader en intensité, faisant entrevoir un génocide. Les mesures d’exception décrétées pour les Zones de Sécurité Spéciale (qui englobent une bonne partie du territoire kurde) permettent de passer au-delà de tout contrôle social, politique ou juridique sur les massacres ordonnés par le gouvernement. Le premier ministre turc a fait passer une directive aux commandants de la police et de l’armée qui en gros revient à leur promettre l’impunité face aux massacres commis sur la population (désignée comme « terroristes »).

Au bout de plusieurs mois de perquisitions et d’arrestations massives, les médias kurdes ont commencé à parler de « génocide politique ». En effet, plusieurs milliers de militant.e.s et élu.e.s ont été arrêtés, et souvent gardé.e.s en prison préventive (illes peuvent attendre des années avant d’être jugé.e.s). Les porte-parole du BDP ont été les premiers.ères à être ciblé.e.s ; une bonne partie des co-maires des 103 municipalités du BDP ont été incarcéré.e.s. Une femme du BDP nous a fait remarquer que malgré que le gouvernement ne reconnaisse pas l’existence de la co-présidence, quand il s’agit de réprimer, il s’en prend bien aux deux co-représentant.e.s.

À cela s’ajoutent les procès aux journalistes et avocat.e.s qui osent raconter ce qu’il se passe. D’après le rapport du KJA de février 2016, l’accès internet à plus de 90 portails et sites d’information a été bloqué par le gouvernement, et 23 sites internet traitant principalement la « question kurde » ont été fermés. De même, les personnes étrangères qui pourraient être témoins sont expulsées et parfois interdites de revenir en Turquie pendant 5 ans.

Notre délégation a finalement pu se rendre partout où c’était prévu, mais nous avons été fouillées et interrogées à de nombreux check-point sur les routes et lors des manifestations pour la journée mondiale des femmes, à Mardin, Kızıltepe (où le rassemblement était entouré de flics et de snipers positionnés sur le toit, puis la sonorisation a été coupée) et à Diyarbakır. Pendant toute la semaine précédant le 8 mars, des manifestations étaient prévues dans plusieurs villes du Kurdistan, la plupart ont été interdites ou alors boycottées par les multiples contrôles postés à différents endroits de la ville où les policiers répandaient la rumeur d’une alerte à la bombe. Cette terreur semée par le gouvernement tente de faire peur aux femmes et de les démobiliser.
Les bombardements des positions des guérillas dans les montagnes (dans le Kurdistan en Turquie et en Irak), ainsi que des cimetières des combattant.e.s (qui ont été quasiment tous ciblés) ne cessent depuis le mois d’août 2015. Les jours que nous avons passé à Diyarbakir, nous avons vu (et surtout entendu!) les avions de chasse décoller et survoler la ville en passant la barrière du son en direction du sud-est. En quelques heures, nous en avons compté une quinzaine. Mais sans doute le plus grave c’est le massacre de plus de 700 personnes dans les villes Kurdes, y compris de très nombreux bébés, enfants et personnes âgées.

Programme de gentrification brutale : exemple de Cizre

Au delà de ces tueries, le gouvernement entreprend de raser les villes kurdes rebelles (qui ont déclaré leur autonomie) et remplacer leur population (par des populations favorables au gouvernement AKP). Le gouvernement a mis en place un programme pour « éliminer de la carte les villes terroristes », puis est occupé depuis 8 mois à passer le rouleau-compresseur sur toutes les villes kurdes qui ont déclaré leur autonomie face à l’État. Mises sous « couvre-feu » 24h/24, ces villes et ces quartiers sont assiégés (impossible d’y accéder ou d’en ressortir), coupées de toute communication, privée d’eau et d’électricité. Ce sont des centaines de milliers de personnes qui se retrouvent en état de siège et attaquées par les forces de police et de l’armée. Et ce, durant des semaines, ou des mois, allant jusqu’à 100 jours à Sûr (centre-ville historique de Amed) ; comme on nous l’a dit plusieurs fois « la résistance de Sûr a été encore plus longue que celle de la Commune de Paris qui a duré deux mois ». Depuis décembre, l’État attaquait trois villes simultanément : Cizre, Sûr et Silopi. Après plus de 3 mois, l’État a déclaré « l’opération finie », ce qui n’implique que l’arrêt de l’artillerie lourde, mais l’occupation policière et militaire et le harcèlement quotidien perdure.

Le programme de l’État est clair : vider ces villes de Kurdes, détruire les quartiers en résistance, reconstruire des barres d’immeuble à leur place, et faire venir une population non-kurde ou en tous cas favorable au gouvernement. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les pelleteuses font leur travail dans les quartiers en ruines de Sûr et Cizre : elles détruisent les seuls bâtiments qui sont restés debout et enlèvent des tas de gravats pour niveler le sol et faire place aux nouveaux bâtiments. En effet, la quasi-totalité des parcelles des quartiers dévastés de Sûr ainsi que de 8 autres districts viennent d’être expropriées par une procédure d’urgence qui empêche tout recours, et vont être cédées au TOKI, l’organisme privé mais allié de l’État qui fait de la spéculation immobilière et qui construit des quartiers entiers de barres d’immeubles.

Notre délégation n’a pas pu accéder aux quartiers assiégés de Sûr car le siège était encore en place. Mais nous avons entendu des bombes lancées sur le quartier, nous avons vu les hélicoptères survoler quasi en permanence ces quartiers, et entendu les récits de proches d’habitant.e.s de Sûr. Pendant notre séjour à Amed, deux histoires de Sûr faisaient le tour des réseaux sociaux. L’une concernait des jeunes hommes arrêtés à Sûr, ayant été torturés par la police, puis déshabillés et pris en photo (nous ignorons leur sort). Puis celle d’une vieille dame de 80 ans, blessée, qui avait appelé maintes fois les secours, toujours bloqués par la police ; elle a fini par être évacuée portée par son mari et des proches ; ils ont tous été incarcérés, sauf elle qui est finalement décédée en arrivant à l’hôpital.

Nous avons pu nous rendre à Cizre, au 3ème jour d’ouverture de la ville (levée partielle du couvre-feu). Arrivées au 4ème et dernier check-point à l’entrée de la ville, après de nombreuses fouilles et contrôles de nos passeports, nous y sommes restées bloquées pendant plus de 3 heures, la police ne voulant pas nous laisser passer, « qu’est-ce que vous faites là ? C’est la guerre ici, ce n’est pas un endroit pour faire du tourisme ! »… Cet officier nous admet donc que c’est la « guerre », ce qu’ils s’efforcent de nier généralement. Au final, par un coup de chance (un fonctionnaire des affaires étrangères passait par là et a donné son feu vert, après avoir examiné nos passeports une énième fois), nous réussissons à accéder à Cizre.

Nous y avons été guidées dans tout le quartier démoli par une jeune femme de la mairie. Pratiquement tous les bâtiments ont été réduits à des gravats, y compris des bâtiments de 5 étages. Des habitant.e.s du quartier nous ont fait rentrer dans les sous-sols où s’étaient réfugiées plus de 150 personnes, parmi lesquelles plusieurs étaient blessées dû à l’écroulement des bâtiments. Après plusieurs semaines pendant lesquelles les blessé.e.s mouraient petit à petit, et personne ne pouvait ressortir sans se faire abattre, l’armée a fini par mettre le feu aux sous-sols et brûlé vives les survivant.e.s. Les soldats ont ensuite sorti les cadavres, en laissant derrière eux des membres éparpillés dans les sous-sols. Des habitant.e.s ont voulu fermer l’accès aux sous-sol par respect pour les personnes assassinées, mais les flics ont à chaque fois rouvert leur accès, nous a-t-on dit « pour que tous les gens voient ça et prennent peur ». Quand nous sommes rentrées, les habitant.e.s avaient débarrassé les membres des corps meurtris qu’illes avaient retrouvés, sauf un os et une main calcinée. L’odeur de mort du deuxième sous-sol nous a empêché d’y rester plus que quelques secondes…

Les murs de la ville (y compris à l’intérieur des maisons) sont recouverts de tags racistes, de symboles nationalistes, et de menaces de viols, laissés par les forces de l’État. On nous a aussi montré le lieu où s’était réfugiée une femme qui se faisait tirer dessus par les snipers. Elle a fini par être abattue dans son refuge, puis les soldats l’ont déshabillée et ont pris des photos de son corps nu pour les montrer sur les réseaux sociaux. Ceci est une pratique courante ces derniers mois. Beaucoup de femmes que nous avons rencontrées interprètent ceci comme une tentative de faire peur aux femmes car « ils savent que les femmes sont une menace pour l’État et la mentalité patriarcale ». Les femmes portent la résistance en elles, ce sont les mères qui parlent en Kurde à leurs enfants et qui transmettent leur culture. Le mouvement des femmes prend une place énorme au sein de la lutte kurde, et ceci fait peur à l’État.

L’État n’arrive pourtant pas à prendre le contrôle de ces villes

Les groupes d’autodéfense des quartiers organisés par les jeunes femmes et hommes se battent avec de simples fusils contre la deuxième armée la plus puissante de l’OTAN. Face à la détermination de ces jeunes et le soutien de tout le quartier, les forces de l’État ne réussissent pas à pénétrer dans ces quartiers en lutte. Ils bombardent depuis leurs véhicules blindés de là où ils accèdent, et parfois depuis les collines environnantes ou encore depuis les hélicoptères. L’État aura mis 3 mois à mettre à bout la résistance à Cizre et à Sûr. Les groupes d’autodéfense ont résisté jusqu’au bout, jusqu’aux dernier.ères survivant.e.s. Quant au reste de la population qui s’était réfugiée en grande partie dans les quartiers ou villes voisines, une grande partie revient en nombre chez elle. Certes, pour découvrir qu’il ne leur reste plus rien, que leur maison est sous les décombres. Mais rien ne leur fera baisser les bras. Toutes les habitantes du quartier de Cudi à Cizre que nous avons rencontrées, nous ont dit « nous ne partirons pas, on a déjà été forcées à quitter nos villages dans les années ‘80-90 pour venir s’installer dans ces villes, maintenant nous ne partirons plus » ; « ils ont beau tué nos corps, ils ne tueront pas notre idéologie ».

Les réfugié.e.s reviennent chez elles dans des quartiers dévastés

Ce sont près de 400.000 personnes (chiffres au mois de mars) qui ont dû fuir les attaques de l’État et quitter leurs maisons avant qu’elles ne se fassent détruire. Nous avons rencontré une chercheuse de l’institut de recherches sociales SAMER. Selon leurs études récentes, les personnes réfugiées de ces villes attaquées, prennent souvent refuge chez des proches dans les quartiers voisins ou les villes proches, et pour la plupart reviennent une fois le siège levé. Dans les années 80-90, deux millions de Kurdes avaient été forcé.e.s à la déportation vers les villes kurdes (qui ont vu leur population se multiplier en peu de temps) ou vers les villes de l’ouest de la Turquie, ou encore vers l’Europe. Par contre, actuellement, la plupart des gens restent au plus proche et sont déterminées à ne plus se laisser déplacer.

Face à cela, le mouvement kurde s’organise pour pouvoir reconstruire ces quartiers et permettre aux habitant.e.s de retourner là où elles habitaient. Pour l’instant, l’urgence c’est de fournir à toutes ces personnes des quartiers de Sûr et de Cizre le minimum vital. Des camps de réfugié.e.s sont en train de se mettre en place (d’abord à Silvan) pour fournir un abri et de la nourriture aux familles qui ont perdu leurs maisons et toutes leurs affaires. L’Association Solidarité Rojava qui s’était créé pour venir en aide aux réfugié.e.s de Kobanê, centre son attention en ce moment dans la récolte de fonds et l’approvisionnement en tentes et nourriture pour ces personnes qui ont tout perdu dans les villes assiégées du Bakûr. Les 2 co-responsables de l’association avec qui nous nous sommes entretenues, nous ont demandé de relayer leur appel urgent en rappelant comment l’aide venue de l’extérieur avait été précieuse après la libération de Kobanê. Illes nous ont dit que « les villes du Bakûr attaquées maintenant sont comme Kobanê. C’est là qu’il faut envoyer de l’aide. La guerre continue, d’autres villes sont attaquées et détruites par le gouvernement. L’État a dit «on va détruire le Kurdistan». » Illes ont insisté sur le besoin urgent que l’aide soit organisée par les organisations civiles en Europe car illes savent bien que les États ne vont pas aider facilement.

L’urgence humanitaire est évidente, vu la destruction provoquée par l’État. Mais le choix qu’ont fait les habitant.e.s de ces quartiers est avant tout politique : illes ont résisté à l’assaut de l’État et, malgré avoir tout perdu, sont prêtes à revenir là d’où elles ont été chassées et sont déterminées à toujours résister, même contre les pelleteuses qui essaient de faire table rase des quartiers. Pour notre délégation, soutenir ces personnes dans ce choix c’est porter un soutien, non seulement humanitaire, mais aussi politique. C’est pourquoi nous tenons à relayer cet appel aux organisations sociales et aux militant.e.s et révolutionnaires à se solidariser avec la population de Silvan, Sûr et Cizre. Puis, comme nous le rappellent les responsables de l’association Rojava, d’autres villes sont actuellement en guerre : c’est le cas de Nusaybin, Idil, Gever, Dargeçit, Şırnak, puis ensuite ce sera le tour d’autres villes encore.

L’Europe garde le silence et finance l’État turc

Lorsque notre délégation parcourait les rues saccagées de Cizre, une femme nous interpelle : « C’est maintenant que vous venez ? Où était l’Europe pendant qu’on se faisait massacrer ? Tout le monde a pu voir les images des sous-sols. Pourquoi personne n’a rien fait ? Nos vies valent-elles aussi peu ?… » Une autre femme complète : « Les images et les vidéos des sous-sol ont tourné sur les réseaux sociaux minute par minute. On peut croire que dans les années ‘90 les gens n’étaient pas au courant de ce qu’il se passait, mais maintenant tout le monde sait. »
Inutile de leur répondre que les États européens ont accepté le chantage d’Erdoğan et ont acheté leur silence en échange de la fermeture de la frontière turque avec l’Europe aux personnes réfugiées. Les médias de masse suivent au pied de la lettre les consignes des gouvernements européens et ne relayent que les attentats ou certaines ripostes contre l’armée. Les Kurdes se demandent où vont les 6 milliards d’euros versés par l’UE à l’État turc -soit disant pour accueillir les réfugiée.s. Ce qui s’entend couramment là-bas c’est que cet argent finance Daesh ainsi que la guerre contre les Kurdes.

Cette complicité mafieuse des États qui vendent leur image d’États ‘démocratiques’ est d’autant plus dangereuse lorsque l’on pense à l’alliance de l’AKP avec Daesh, et aux références qu’a fait Erdoğan au régime nazi en tant que modèle « efficace »…

Repris de Merhaba Hevalno n°4.

 

[Entretien] Cizre est maintenant comme Kobanê et Shengal

Faysal Sarıyıldız, député HDP pour Şırnak, a été la source d’information principale depuis l’intérieur de la ville assiégée de Cizre pendant deux mois. Il a informé l’opinion publique à travers les réseaux sociaux et il a fait de nombreux appels aux organisations internationales pour mettre  un terme au siège de Cizre et empêcher le massacre de civil.e.s.
Sarıyıldız a d’abord été au Parlement en 2011 pour la première fois comme candidat du DBP (Parti pour la Paix et la Démocratie), le prédécesseur du HDP, alors qu’il était en prison accusé d’appartenance à une organisation terroriste. Il avait été arrêté en 2009 dans le cadre des opérations contre le KCK, puis relâché en 2014 sans avoir été jugé. Il a été réélu au Parlement en 2015.
Kurdish Question a interviewé Faysal Sarıyıldız aux lendemains des massacres afin d’avoir une image de la situation à Cizre plus claire, sans censure et de première main.

Où êtes-vous en ce moment, M. Sarıyıldız ?

Je suis à Cizre, district de Şırnak, où il y a eu un couvre-feu pendant 62 jours sous les ordres du gouvernement AKP et sous décision du Gouverneur de Şırnak.

Dans quels quartiers ont lieu les sièges et les opérations ?

Les opérations et les sièges ne sont pas limités à certains quartiers. Le siège est imposé  aux quatre coins du centre du district [NdT : c’est-à-dire, la ville ; le reste du district étant composé d’autres villes comme Idil et des villages]. Néanmoins, il y a une concentration dans les quartiers de Nur, Cudi, Sur et Yafes, qui sont sous attaque intense et assiégés.

Quelle est la population vivant dans ces quartiers actuellement ?

Selon le recensement de 2015, la population de Cizre est de 131.816 personnes. Les quatre quartiers que j’ai mentionnés correspondent aux 2/3 de ce nombre. À cause des attaques dévastatrices et illégales de l’État, les habitant.e.s de Cudi, Nur et Sur ont été complètement déplacé.e.s, puis plus de la moitié de la population de Yafes a également dû quitter le quartier. En outre, la politique de déplacement forcé par l’État a aussi été exécutée dans des quartiers pas particulièrement ciblés par les attaques. On peut dire que plus de 100.000 personnes ont été déplacées.

Cizre est assiégée depuis plus de deux mois ; qu’est-ce que les gens ont à manger et à boire ; en gros, de quoi vivent-ils ?

Les gens ont épuisé durant cette période toutes leurs réserves. À Cizre, les relations sociales et de voisinage sont très fortes. De plus, il y a la solidarité collective parce que les gens appartiennent à la même identité politique. Néanmoins il y a de graves privations dûes à la longue durée de siège. Par exemple, l’État n’a permis qu’à quelques magasins de rester ouverts certains jours. Mais uniquement les gens habitant proches de ces magasins pouvaient en profiter. Les gens habitant loin de ces magasins dans des quartiers attaqués sévèrement ne peuvent en aucun cas accéder à leurs besoins. Parce que quitter la maison pour aller acheter du pain peut avoir comme conséquence de se faire tirer dessus ou d’être touché par un éclat d’obus, en gros, d’être tué.e. Le prix pour sortir dans la rue est la mort. En plus, dernièrement la police a empêché ces magasins d’ouvrir.

En même temps, les forces de l’État ont empêché l’accès au district à des dizaines de camions contenant de la nourriture et d’autres produits de base envoyés depuis d’autres parties du pays.

À cause des attaques, les infrastructures du district ont été détruites. Les forces de l’État ont ciblé volontairement les canalisations d’eau potable et celles d’eaux usées ainsi que les transformateurs d’électricité. On a manqué d’eau pendant des jours. Un employé de la mairie est allé réparer les réservoirs d’eau endommagés puis il s’est fait tirer dessus par l’armée ; son bras a dû être amputé.

Est-ce que les gens vous appellent pour demander de l’aide ? Que demandent-ils ?

Les demandes les plus courantes pendant le siège étaient d’emmener les blessé.e.s et les cadavres à l’hôpital. Des appels au secours de personnes piégées dans des bâtiments, d’autres qui sont menaceés de mort, ou encore dont les maisons ont été brûlées. C’est parce que l’État a coupé toute voie de communication entre les institutions et la population ; il n’y a aucune voie de dialogue. Les mairies ne sont pas capables de fournir les services à la population à cause du siège et du couvre-feu.
Les gens pensent que parce que je suis député, je vais être capable de satisfaire leurs demandes. Par contre, à cause de mon rôle d’opposant et la ligne politique que je représente, les demandes que je relaie ne sont pas prises en considération. Les cadavres et les blessé.e.s ont été laissé.e.s dans les rues pendant des jours malgré les nombreuses demandes pour qu’elles soient retirées. Des demandes comme celle-ci seraient immédiatement entendues dans des pays où une démocratie est implantée et la justice et la loi sont appliquées. Mais les demandes les plus humaines sont ignorées en Turquie, qui est administrée par un gouvernement antidémocratique et totalitaire.

Où sont allés les gens qui ont fui Cizre ? Avez-vous des informations quant à leur situation ?

Les gens ont dû quitter leurs maisons et leurs moyens d’existence à cause des attaques permanentes et intenses de la part des forces de l’État. Lorsque les Kurdes parlent de dévastation et de désastre, leur référence c’est Kobanê et Shengal. Deux tiers de Cizre sont maintenant pareils à Kobanê et Shengal. Les maisons ne sont plus que décombres. Il ne reste pratiquement aucune maison n’ayant pas été touchée par les obus ou les mortiers. Ceci est une politique consciente pour déplacer la population. Les forces de l’État ont violé le droit à la vie.
Le premier mois du siège, la migration était intérieure. Les attaques étaient concentrées sur les quartiers de Cudi, Nur, Yafes et Sur. Les habitant.e.s forcé.e.s de quitter ces zones ont migré au centre-ville ou vers les quartiers où les attaques étaient moins graves. Certaines personnes ont emménagé chez des proches, et d’autres ont été accueillies par des gens. Par contre, lorsque les attaques ont commencé à se répandre sur ces quartiers aussi, les gens ont migré encore une fois, cette fois-ci vers des villages proches, vers les villes de Şırnak, Idil, Diyarbakır ou d’autres villes en Turquie. Dans les années 1990, les attaques de l’État ont provoqué la migration des Kurdes des zones rurales vers les villes, maintenant c’est le contraire qui arrive ; parce que l’État est en train de convertir les villes kurdes en un enfer.

Pourquoi l’État attaque aussi sévèrement Cizre?

Si on regarde à la signification historique et politique de Cizre, on peut voir qu’elle a une qualité symbolique autant pour l’État que pour le peuple Kurde. Pour comprendre pourquoi l’État a déclaré le plus long siège et couvre-feu et commis des atrocités en empêchant les gens d’enterrer leurs proches et en brûlant des gens vivant.e.s, on doit regarder l’histoire de résistance à Cizre.

Au cours des années 90, la pire tyrannie et oppression a eu lieu à Cizre. Les événements pendant les célébrations du Newroz [le nouvel an kurde] en 1992 sont encore frais dans notre mémoire. Plus de 100 civil.e.s se sont fait tirer dessus et des centaines blessé.e.s dans des attaques visant à empêcher les célébrations du Newroz. Les mêmes années, des villages ont été entièrement rasés, les migrations forcées, les assassinats extrajudiciaires et les fosses communes étaient quotidiens à Cizre. L’État voyait les droits et libertés humaines comme du luxe pour la population de ce district.

Malgré toute la violence et l’oppression, à cette époque comme maintenant, la population de Cizre n’a fait aucune concession et ne s’est pas agenouillée. La demande de Cizre pour la liberté et l’égalité et sa résistance contre les politiques de négation et d’assimilation de l’État turc a toujours été incassable. Malgré la politique étatique d’assimilation, Cizre a résisté à la Turquification et protégé son identité culturelle et politique, authentique et indépendante. C’est la raison pour laquelle elle a toujours été la cible de ceux au pouvoir. Tout comme Cizre était au cœur de la rébellion contre l’Empire Ottoman en 1847, elle est devenue le symbole de résistance pour le peuple Kurde dans les années 1990.
L’État est donc persuadé que si Cizre, l’un des centres de la résistance, est liquidé, alors il pourra renforcer sa souveraineté dans les autres villes du Kurdistan. Mais je suis persuadé que la barbarie de l’État à Cizre pendant le siège a été gravée dans la mémoire collective de la population tellement profondément que ça va créer une réaction et une rage organisées. Les gens ici ont dû vivre une expérience inhumaine et tyrannique qui va être transmise de génération en génération.

Que signifient les barricades et les tranchées ?

Elles signifient une forme d’autodéfense contre la politique de négation et d’annihilation de la part de l’État. Bien sûr que les populations Kurdes ne sont pas ravies de vivre derrière des tranchées, au milieu de batailles, de quitter leurs maisons et d’enterrer des personnes aimées chaque jour. Mais on insiste pour que les Kurdes vivent comme des esclaves. Ceux et celles qui sont derrière les barricades refusent cela. La plupart d’entre elleux ont été discriminé.e.s par l’État, arrêté.e.s, emprisonné.e.s et torturé.e.s ou alors ont perdu un.e proche dans la guerre, ou leur village a été brûlé. Illes n’ont pas confiance en l’État. Je sais cela parce que j’ai rencontré les jeunes l’année dernière lorsque les négociations [entre l’État et le mouvement Kurde] étaient encore en cours, pour qu’illes rebouchent les tranchées. Ils ont entendu la demande de M. Öcalan et l’ont fait. Par contre, ce même jour, les forces de l’État ont tiré et tué un enfant, Nihat Kazanhan, depuis un véhicule blindé. C’est le concept de guerre de l’État qui a contraint Cizre à creuser des tranchées.

Ya-t-il un dialogue entre vous et les institutions étatiques ?

Malgré de nombreuses tentatives pour le joindre ou le rencontrer pendant le siège, le Gouverneur du district de Cizre n’a pas répondu au téléphone ou à nos demandes de rencontre. Notre dialogue avec le Commandement de Gendarmerie local et le Commissariat central de Police de Cizre n’a pas évolué au-delà de leurs constantes menaces envers nous.

À votre avis, qui commande les opérations militaires à Cizre ? Ankara ou les forces locales ? Combien d’équipes de Forces Spéciales, soldats, officiers de police, etc. sont à Cizre en ce moment ?

Ce qui est arrivé à Cizre n’est pas une affaire locale. La même chose est arrivée et continue d’arriver dans de nombreuses villes Kurdes. Les autorités gouvernementales ont déclaré à plusieurs reprises qu’il s’agit d’une opération globale. Il est donc clair que ces opérations sont planifiées et mises en application en faisant usage de toutes les institutions bureaucratiques et les outils politiques de l’État. En mars 2015, lorsque le processus de résolution était encore en cours, le gouvernement AKP a passé un paquet de lois au Parlement «le Paquet pour la Sécurité Intérieure» en prévision de ce qui arrive en ce moment. Toutes les opérations menées ici sont soutenues, incitées et dirigées par l’État et les officiers du gouvernement, y compris le président, le premier ministre, le ministre de l’intérieur, le ministre de la défense, les gouverneurs de province, les gouverneurs de districts, etc. Ceux qui exécutent l’opération sur le terrain sont du personnel de l’État. Ils sont payés par l’État et utilisent l’équipement militaire de l’État. Plus de 10.000 soldats et officiers des Forces Spéciales de la police participent aux opérations de Cizre. Si on compte également qu’ils ont toutes sortes d’artilleries lourdes, il y a assez de soldats et de forces spéciales pour perquisitionner chacune des maisons de Cizre.

Il y a eu des massacres dans trois sous-sols. Pouvez-vous nous donner des informations précises concernant ces massacres ?

Il y avait environ 130 personnes dans les « 3 sous-sols de la mort », la moitié d’entre elles sont soit mortes soit blessées. Moi et les familles des personnes bloquées avons parlé avec le commissariat central de la police de Cizre et avec les équipes de santé de l’État d’innombrables fois pour les emmener à l’hôpital. Mais chacune de ces demandes a été refusée pour des raisons de «sécurité». Les bâtiments où les personnes blessées étaient piégées, ont été attaqués pendant plusieurs jours. Elles ont été laissées sous les décombres, sans nourriture et sans eau pendant des jours. L’État a violé toutes les normes humaines et légales et massacré les blessé.e.s d’une façon brutale.

[…] [NdT: Depuis l’interview, il a été confirmé qu’au moins 145 personnes ont été tuées dans les sous-sols. Le nombre de personnes tuées en tout à Cizre en est à plus de 300, et de nombreux cadavres restent encore piégés sous les décombres.]

L’État et les médias nationaux affirment que ces personnes n’ont pas quitté les sous-sols malgré des appels à le faire. Pourquoi n’ont-elles pas quitté les sous-sols ?

Les affirmations des représentants de l’État et les médias selon lesquelles les gens n’ont pas évacué les sous-sols bien qu’ils en auraient eu la possibilité visent à tromper l’opinion publique internationale. Si cela était vrai, ils auraient pu le prouver. J’ai été en contact téléphonique avec les personnes piégées et j’ai parlé avec elles plusieurs fois. Je connais plusieurs d’entre elles par le travail qu’elles font dans les sphères sociale, politique et des femmes. Presque 50 étudiants universitaires qui s’étaient rendu.e.s à Cizre en solidarité étaient aussi parmi les blessé.e.s. Chaque fois que les ambulances ont essayé d’atteindre les sous-sols, les forces de l’État ont ouvert le feu et n’ont pas permis d’accéder à la zone pour des «raisons de sécurité». Au lieu de permettre qu’illes soient emmenées à l’hôpital, depuis le début l’État les a abandonnées à leur mort et voulaient les massacrer. Ils l’ont fait en les brûlant vivantes.
Avec ce massacre, l’État voulait donner une leçon à sa façon à ceux et celles qui résistent, ainsi que châtier et intimider les gens dans d’autres villes kurdes ; ceci était aussi une menace à ceux qui sont contre l’État dans les villes de l’ouest de la Turquie. En utilisant la rhétorique «On est en train de perdre le pays contre les terroristes», le gouvernement a essayé de cacher ses pratiques illégales et consolider le bloc nationaliste et conservateur.

De plus, à cause de la répression croissante des médias ces dernières années, il est impossible de parler d’une presse libre qui rapporte ce qui se passe ici. Les publications de la presse ont pour but de légitimer toutes les actions du gouvernement et de l’État. Un petit nombre de publications de la presse libre sont constamment réprimées, leurs reporters sont tués, emprisonnées ou empêchés de faire leur travail. Donc il n’est pas possible d’avoir de l’information impartiale ou détaillée de ce qui a lieu dans les villes Kurdes dans la presse. En quelques mots, l’État met en place toutes les méthodes de guerre psychologique à sa disposition.

On sait que les sous-sols ont un sens spécial à Cizre. Depuis les années 90, les habitant.e.s se sont réfugié dans des sous-sols. Pouvez-vous nous en dire plus à ce propos ?

Un sous-sol ou une cave est un espace où les gens se réfugient des attaques de l’État. Cet espace est historique, spécialement à Cizre. Ayant expérimenté la tyrannie de l’État, la solution de Cizre a été les sous-sols. Si les gens de Cizre n’avaient pas construit des sous-sols pour se défendre et se protéger, des massacres encore pires auraient pu avoir lieu.

Vous êtes député de Şırnak. Un enfant de cette ville. Nous savons que vous avez perdu beaucoup d’ami.e.s récemment. Comment décrivez vous votre état d’âme ? Pouvez-vous nous raconter le moment que vous avez trouvé le plus pénible ?

La souffrance à Cizre est indescriptible. Comment puis-je distinguer entre la douleur provoquée par la mort de la mamie Hediye, qui après avoir appelé à l’aide pendant une semaine, a été tuée par une bombe, ou l’assassinat du bébé Miray de 3 mois et son grand-père dans une embuscade sanglante, ou la mort de mon ami Aziz qui a été tué par une seule balle dans la tête alors qu’il allait sauver une femme blessée, ou la perte de ma camarade Sévé qui cachait sa croyance en la révolution derrière son sourire ? Mais un enfant qui écrit «La résistance est la vie, le silence est la mort» sur un mur avec du charbon malgré les bombardements des tanks m’a aussi affecté profondément. Parce que c’était le cri de Cizre…

Je crois que ces mots expliquent Cizre et mon état d’esprit : silence, cris déchirants, résistance, vie, décombres, eau, tyrannie, migration, courage, liberté, visages sanglants, jeunes avec des visages lumineux, espoir,…

Vous avez fait appel à de nombreuses organisations internationales récemment. Avez-vous eu des réponses ?

Il n’y a eu aucune réponse significative ou action prise en réponse à ces lettres écrites ou appel faits par moi-même et le Parti Démocratique du Peuple (HDP) jusqu’à présent.

Comment les attaques de l’État peuvent être arrêtées ?

D’après ce qu’on peut voir, les forces de l’État n’ont aucune intention de cesser leurs attaques dans le futur proche. L’État veut couvrir son échec politique en Syrie et au Rojava avec ces attaques. Par ailleurs, il veut discréditer, criminaliser et réprimer la motivation créée par les évolutions au Rojava, ainsi que les demandes faites par les Kurdes pendant le processus de résolution du conflit, qui ont été vues par le monde comme légitimes. Une opposition unifiée et organisée formée par les forces démocratiques est la seule chose qui peut affaiblir les attaques de l’État. Le soutien de l’opinion publique internationale est aussi très important.

Où pensez-vous que les évolutions récentes nous amènent-elles ?

La situation actuelle dans laquelle est l’économie capitaliste signifie que les ressources énergétiques et leurs voies de distribution sont devenues des enjeux importants. Les puissances impérialistes font constamment de nouvelles manœuvres à cause des réserves considérables en pétrole et en gaz dans la région. Les évolutions ici, en particulier depuis la première Guerre du Golf, sont en train de créer de nouvelles contradictions, de nouvelles alliances, de nouveaux problèmes et de nouvelles opportunités chaque jour. De plus, le sectarisme s’approfondit en utilisant Daesh. Parallèlement à cela, nous avons les volontés et luttes démocratiques des peuples de la région contre les régimes autoritaires.
L’un des exemples les plus importants de ceci sont les Kurdes. Les Kurdes veulent la démocratie et l’auto-gouvernance. Il y a une lutte active pour cela au Rojava. En Turquie, les revendications des Kurdes sont refusées; leur lutte criminalisée, réprimée et délégitimée.

Néanmoins, dans cette ère de la communication ce ne sera pas aussi facile qu’autrefois de nier la revendication du peuple pour la démocratie, l’égalité et la liberté. Les Kurdes vont continuer à lutter pour cela, leur revendication pour une «citoyenneté égale et libre» en Turquie est de grandes signification et valeur. C’est une revendication universelle, légitime et démocratique. Alors tant qu’un régime démocratique dans lequel les Kurdes aient un statut et une voix n’est construit, les Kurdes continueront à se battre.

source : http://kurdishquestion.com.
Repris de Merhaba Hevalno n°3.

Merhaba Hevalno mensuel n°3 – avril 2016

CULKfw3W4AAMgu0Voici le troisième numéro de « Merhaba Hevalno mensuel », une revue de presse dans laquelle nous publions chaque mois des textes à la fois d’actualité et d’analyse sur les mouvements de résistance en cours au Kurdistan.

Téléchargez le pdf (20p A4), imprimez et photocopiez-le et diffusez-le autour de vous, partout !

[…] Malgré la guerre psychologique semée par l’État turc, les célébrations du 8 mars (journée mondiale des femmes) et celles du Newroz le 21 mars (fête du printemps pour les Kurdes et d’autres peuples du Moyen-Orient) ont bien eu lieu. L’État avait interdit la plupart de ces rassemblements, ou alors avait fait courir la rumeur d’alertes à la bombe, mais dans la plupart des cas, les célébrations se sont déroulées, certes avec moins de monde que les années précédentes, mais avec autant de détermination. Le Newroz est un jour de fête et un jour de lutte ; on célèbre par les danses et le feu symbolique la lutte de libération des populations contre le pouvoir tyrannique (on vous transmet un conte du Newroz en fin de revue).

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Ce bulletin mensuel autour de l’actualité du Kurdistan est notamment rédigé depuis la ZAD de NDDL, mais pas seulement ! Un certain nombre de camarades de Toulouse, Marseille et d’ailleurs y participent…

Pour nous contacter : actukurdistan(a)riseup.net

Téléchargez le pdf (20p A4), imprimez et photocopiez-le et diffusez-le autour de vous, partout !

Merhaba Hevalno mensuel n°2 – mars 2016

DSC00260Voici le deuxième numéro de « Merhaba Hevalno mensuel », une revue de presse dans laquelle nous publions chaque mois des textes à la fois d’actualité et d’analyse sur les mouvements de résistance en cours au Kurdistan.

« Nous voudrions, en publiant ce bulletin, mettre en mot et en acte notre solidarité avec les mouvements de résistance au Kurdistan. Malgré la complexité de la situation là-bas nous tenterons de rendre les articles aussi accessibles que possible, pour qu’on en parle, et pour que les mots et les cris de résistance des gens sur place puissent se répandre et se transformer en d’autres actes concrets, pour qu’on s’organise en solidarité avec ce mouvement en ayant d’autres informations et critiques que les « infos » pré-mâchées de la presse classique.

Si, collectivement, nous avons décidé de publier ce bulletin, c’est parce qu’au-delà de la vision romantique (réductrice) de la guérilla lançant des attaques depuis les montagnes, nous entrevoyons les liens qui peuvent exister entre les révolutions sociales et politiques du Kurdistan Syrien (Rojava) et du Kurdistan Turc (Bakur) et d’autres mouvements populaires du passé et du présent. Que nous entrevoyons aussi ce que cette ré-organisation anticapitaliste, ouvertement féministe et auto-gestionnaire, d’une échelle sans précédent et ce malgré le contexte de guerre, peut avoir d’inspirant pour nos collectifs (qui, il faut bien le dire, paraissent bien bordéliques à côté !).

Nous pensons à toutes celles et ceux  qui, dans leurs montagnes, dans leurs quartiers, à la campagne ou en ville, résistent et se battent pour que le peuple kurde, ainsi que ses luttes et sa résistance, ne se fassent ni enterrer par les États et groupes fascistes du Moyen-Orient, ni récupérer par les puissances coloniales occidentales, dont bien sûr notre chère fRance fait partie.

Nous saluons aussi toutes celles et ceux qui se mobilisent déjà en Europe pour que cette révolution continue à faire écho ici, et pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli ni dans la déchetterie de l’ignorance générale créée par les médias classiques.

Nous espérons, enfin, que cette publication puisse donner, si petit qu’il soit, un souffle à l’élan de solidarité avec les mouvements kurdes, et que les mots puissent renforcer et nourrir nos luttes à nous tout-e-s, là-bas comme ici.« 

Ce bulletin mensuel autour de l’actualité du Kurdistan est notamment rédigé depuis la ZAD de NDDL,mais pas seulement ! Un certain nombre de camarades de Toulouse, Marseille, Angers, Lyon et d’ailleurs y participent…
Pour nous contacter : actukurdistan(a)riseup.net

Téléchargez le pdf (16p A4), imprimez et photocopiez-le et diffusez-le autour de vous, partout !

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Sommaire :
  • Le Mouvement d’auto-gouvernance kurde au Bakur
  • Les habitant.e.s de Cizre attendent le jour de vengeance
  • Rojava, comment défaire l’Etat
  • Oubliez l’ONU ! Rencontrez les réfugié.e.s autonomes au Kurdistan
  • L’UE finance Daesh
  • Mettre la pression sur le régime turc
  • Agenda et Newroz
  • Brèves du Bakur, du Rojava, d’Irak et d’Iran, de Turquie et d’Europe
  • Glossaire, etc…