Nous relayons la campagne des copains copine du local l’Insoumise (Lille).
Qu’est ce que le Rojava ?
Le Kurdistan est la zone de peuplement kurde écartelée principalement entre quatre pays (Turquie, Iran, Irak, et Syrie). Le Rojava, littéralement Kurdistan « de l’Ouest », est la partie du Kurdistan qui s’est retrouvée en Syrie après qu’aient été redessinées les frontières de la région, entre autre par la France, en 1923, suite à la Première Guerre mondiale et à la chute de l’empire Ottoman. Constitué de trois cantons (Afrin, Kobané et Cizîrê), le Rojava est un territoire qui est désormais en grande partie auto-administré et défendu par les Unités de protection du peuple, les YPG (mixtes), et les Unités de protection des femmes, les YPJ, composées uniquement de femmes. C’est un territoire coincé entre les zones contrôlées par l’État Islamique (EI) et la frontière turque.
Si les unités kurdes s’organisent depuis des années, c’est durant l’été 2014 que les populations du Rojava se sont très massivement mobilisées pour repousser l’offensive lancée sur la ville de Kobané par l’État islamique. Ce soulèvement, d’abord pour repousser le fascisme patriarcal de l’EI, le front al-Nosra et l’armée de Bachar Al-Assad, s’est montré vecteur d’un processus révolutionnaire extrêmement intéressant et porteur d’espoir pour la région et au-delà. De plus la place qu’ont pris les femmes au sein de ce processus est déjà, comme elles le définissent elles-mêmes, une révolution dans la révolution.
Les YPG/YPJ infligent à l’État islamique ses plus grandes défaites côté syrien. Mais de nombreux-ses combattant-e-s du Rojava le payent de leur vie.
Cette guerre nous concerne :
L’État islamique, financé par l’Arabie Saoudite et le Qatar –tous deux très liés aux pays occidentaux notamment via les ventes de pétrole et d’armes, en particulier françaises–, dispose d’un matériel militaire des plus modernes alors que les révolutionnaires du Rojava manquent de tout (matériel militaire, médical, équipement, nourriture, etc.).
Et rappelons que le principal appui de l’EI reste indiscutablement la Turquie, membre de l’OTAN et allié historique des États-Unis. La Turquie vient tout juste de recevoir trois milliards d’euros de l’Union Européenne pour bloquer et interner dans des camps les milliers de réfugiés syriens qui fuient la guerre et les zones contrôlées par l’EI, afin que ceux-ci ne puissent rejoindre l’Europe. Et pour ne pas froisser l’allié turc, l’Europe passe sous silence les récents massacres commis par l’armée turque au Kurdistan. Alors qu’elle s’est révélée être un appui majeur de l’EI, la Turquie vient de recevoir de l’UE une invitation à reposer sa candidature d’adhésion pour une entrée au sein de l’Europe.
Dans ces arrangements entre Etats pour limiter les migrations se sont finalement les kurdes (pire ennemi de l’État islamique) qui en payent le prix fort. Ce qui amène certains commentateurs a affirmer que ces 3 milliards d’euros sont indirectement un chèque de l’union européenne à l’État islamique.
Comment la Turquie soutient l’EI ?
En bombardant les positions kurdes en Turquie ainsi que celles des YPG/YPJ en Syrie qui sont les plus à même de résister et de reprendre du terrain à l’EI. En laissant passer un incessant ballet de camions-citernes remplis du pétrole de l’EI destiné à être vendu sur le « marché noir » turc, ainsi que du phosphate, des céréales, du coton, etc. ; en permettant aux combattants de l’EI de se soigner dans les hôpitaux turcs avant de repartir au combat ; en fournissant de l’armement lourd et des combattants à l’EI.
La Turquie ferme la frontière aux combattant-e-s kurdes de Turquie qui souhaitent rejoindre les zones défendues par les YPG/YPJ. Et si les combattantes et combattants YPG/YPJ manquent de matériel, c’est aussi parce que la Turquie essaie d’empêcher tout ravitaillement, que ce soit d’armement ou de matériel de première nécessité comme du matériel médical.
Alors que faire ?
Des brigades internationales se sont formées sur le modèle des brigades internationales qui combattaient le fascisme espagnol en 1936. Ce sont des brigades mixtes qui accueillent des hommes et des femmes.
Le Secours rouge de Bruxelles avec d’autres organisations ont lancé une campagne de soutien à ces brigades internationales en lançant une souscription pour leur envoyer des pansements hémostatiques : http://www.secoursrouge.org/article11199
Nous lançons ici, depuis Lille, une « campagne soeur » pour collecter les fonds nécessaires à l’achat de 250 pansements hémostatiques que nous ferons parvenir aux YPG/YPJ.
Tous les frais de cette campagne (impression des affiches, coûts de fonctionnement Leetchi, etc.) sont pris en charge par les organisateurs : chaque euro récolté ira au Rojava !
Pourquoi des pansements hémostatiques ?
Aucune aide internationale n’est apportée au Rojava et 60 % des blessés par balle meurent d’hémorragie en attendant d’être pris en charge. Les pansements hémostatiques accélèrent la coagulation du sang et permettent de stopper rapidement une hémorragie. Et donc de sauver les vies de blessés.
Chaque pansement coûte 40€ et c’est un matériel de guerre difficile à trouver depuis le Kurdistan. Nous achèterons donc les pansements en France et les enverrons directement aux YPG et YPJ.
Une somme de 10 000€ permettrait de financer l’achat de 250 pansements hémostatiques.
Exemple de pansement hémostatique : Le Quickclot
Le quickclot utilise de la zéolite, un cristal microporeux qui absorbe la composante liquide du sang, ce qui accélère fortement la coagulation (3 fois plus rapide que la normale). On peut le trouver aussi sous forme de poudre à déposer directement sur la plaie, générant une certaine chaleur, pour stopper le saignement.
Il existe aussi d’autres marques de pansements hémostatiques. Notre choix se fera en fonction de ce qui est le mieux adpaté pour les combattantes et combattants sur place.
Notre démarche
L’Insoumise est un espace autonome à Lille, occupé depuis 2012. Il s’y trouve une bibliothèque et une librairie, ainsi que des organisations d ‘événements : rencontres, débats, projections… Organisé de manière autogérée, notre but est d’amener des réflexions pour un changement radical de société. Parmi les nombreuses discussions que nous avons pu avoir, nous avons trouvé particulièrement inspirantes celles sur le Kurdistan et en particulier le processus révolutionnaire en cours au Rojava qui affirme des positions anti-nationalistes, assembléistes, égalitaires et dans lequel les femmes prennent une place inédite.
Après avoir accueilli de nombreux invité-e-s, organisé des discussions et des projections, et face à l’horreur du fascisme patriarcal de l’EI, le collectif de l’Insoumise a décidé de lancer ce projet de soutien pour le Rojava.
Plus d’informations sur l’Insoumise : http://www.linsoumiselille.net/
Vous n’avez pas de carte bleue ou vous voulez donner par chèque ou en espèces ?
Ecrivez-nous sur cette adresse linsoumiselille@riseup.net ou venez nous voir aux permanences du samedi entre 15h et 19h au 10, rue d’Arras à Lille.