Un entretien avec la coprésidente du Groupe des communautés du Kurdistan (KCK), Bese Hozat, évoquant la politique génocidaire de l’État turc à l’encontre des Kurdes, la résistance de la guérilla et le rôle de l’Europe
Au cours de ces derniers mois, nous avons assisté à des attaques massives de l’État turc contre le mouvement kurde. Le gouvernement turc a rendu parfaitement claire son intention de poursuivre les opérations militaires et de refuser les pourparlers avec le PKK. Quelle est la stratégie d’Ankara ?
L’État turc met en œuvre une politique génocidaire dirigée contre les Kurdes. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui a commencé en septembre 2014, lorsque le gouvernement a proposé un nouveau plan pour écraser la résistance kurde. Un mois plus tard, le Conseil de sécurité nationale a déclaré la guerre totale. Depuis lors, le nouveau plan du gouvernement a été mis en œuvre étape par étape.
L’une des conséquences a été la violation systématique des droits démocratiques. Une immense vague d’arrestations a frappé les villes kurdes. Plusieurs bases de la guérilla ont été attaquées. Une fois les pourparlers avec les dirigeants du PKK abandonnés, les attaques se sont encore intensifiées. À Diyarbakir, une bombe a explosé au cours d’un événement célébrant Newroz, le Nouvel An kurde. Le 24 juillet 2015, d’intensives frappes aériennes ont eu lieu, et en octobre 2015 un attentat à Ankara a causé la mort de 103 personnes et en a blessé bien plus.
La politique génocidaire de l’État turc contre les Kurdes n’a rien de nouveau. Elle remonte à des centaines d’années. Un dialogue s’est parfois instauré avec le PKK, mais l’État turc ne s’est jamais montré enclin à résoudre le conflit de façon politique, car cela reviendrait à reconnaître les droits du peuple kurde.
Toutes les avancées en direction d’une solution politique qui étaient proposées par la Turquie ne cherchaient qu’à pacifier le mouvement kurde. Le but à long terme était toujours d’éliminer la résistance kurde, le PKK, et les valeurs que véhicule le combat des Kurdes. Même le soi-disant processus de paix s’est finalement révélé être une tentative de destruction. Ankara voulait briser la volonté des Kurdes de combattre et de résister. Alors que le processus de paix était en cours, le gouvernement du Parti pour la justice et le développement (AKP) se préparait à étendre son pouvoir et à contrôler complètement l’État.
L’AKP a utilisé le processus de paix dans son propre intérêt. Alors que ses représentants s’asseyaient à la table des pourparlers, le gouvernement se préparait à la guerre. De nouveaux commissariats et des cantonnements militaires ont été construits en nombre et le système des gardes de village a été réformé. Des routes ont été construites pour un usage exclusivement militaire.
Durant cette période, le peuple kurde s’est engagé à grands pas vers un système démocratique autonome. Au Rojava, une révolution du peuple a mis en place une administration organisée au niveau cantonal. Sous la direction des Unités de défense du peuple (YPG) et des Forces démocratiques syriennes (FDS), une immense bataille a été menée contre l’état islamique. Tout cela a déstabilisé l’AKP. L’état islamique était leur allié stratégique, avec lequel ils partageaient les mêmes fondements idéologiques. Pendant ce temps, les succès du Rojava ont fortement motivé les Kurdes du Kurdistan du Nord, avec pour corolaire un regain des luttes pour la liberté et la démocratie.
Afin de mettre à bas les réussites du mouvement kurde et d’affaiblir le PKK, l’État turc a décidé d’avoir recours à la guerre totale et au génocide et a commencé à mettre en œuvre ces décisions sur le terrain.
Depuis que l’État a commencé ses attaques, nous avons pu assister à l’émergence de différentes formes de résistance, y compris parmi les jeunes kurdes des grandes villes. Les activités de la guérilla ont également augmenté. Est-ce que les unités de la guérilla sont pleinement impliquées dans la lutte ?
Dans les villes, les Kurdes se sont dressés face à la politique génocidaire de l’État, et ils l’ont fait de manière autonome. Dans la mesure où les mouvements de la guérilla sont limités durant l’hiver, elle n’a pas été très impliquée. La résistance a plutôt pris la forme d’un soulèvement du peuple, mené par des jeunes qui ont organisé l’autodéfense. Maintenant, avec l’arrivée du printemps, les conditions sont plus favorables aux actions de la guérilla.
Il n’est donc pas surprenant que les activités de la guérilla se soient accrues. À partir de maintenant, les conditions seront de plus en plus favorables. Cela signifie que les activités des zones rurales et urbaines se développeront encore plus. Le soulèvement populaire ira également en s’intensifiant. Nous avons décidé de radicaliser la lutte, tout autant au Kurdistan du Nord qu’en Turquie.
Est-ce que les actions de la guérilla et des YPS dans les villes sont coordonnées, ou est-ce que les YPS agissent de façon indépendante ?
Les YPS sont organisées par des jeunes locaux comme des groupes d’autodéfense. Leur façon de s’organiser est très importante : les YPS sont formées par le peuple via la jeune génération. Nous leur apportons notre soutien absolu. Les Kurdes sont victimes d’une politique génocidaire. Il y a des massacres. À Cizre, 400 personnes ont été assassinées, brûlées vives. À Sur, une centaine d’autres ont connu le même sort.
À de nombreux autres endroits au Kurdistan, par exemple à Hezex et Nuzaybin, ainsi qu’à Kerboran, Sirnak et Hakkari, des massacres ont également eu lieu. Nous avons assisté à des attaques, des arrestations et des tortures sur l’intégralité du territoire du Kurdistan. Même les cadavres sont déshonorés. L’AKP et l’État turc sont responsables de ces atrocités, qui sont à la fois des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Dans ces circonstances, rien ne peut être davantage justifié que l’autodéfense du peuple. Nous soutenons donc la résistance de nos compatriotes et la lutte de la jeunesse de tout notre cœur. Mais nous ne coordonnons pas leur résistance. Ils agissent de façon indépendante. Ils disposent de structures autonomes et ils prennent leurs propres décisions.
Après des massacres comme celui de Cizre, des unités de la guérilla se sont rendues dans les villes pour venir en aide aux YPS. Nous leur avons fourni une aide matérielle et pratique. Mais les YPS demeurent indépendants. Lorsque le peuple est confronté au massacre et au génocide, lorsqu’il souffre de l’oppression fasciste, il doit utiliser tous les moyens en son pouvoir pour se défendre. C’est un droit légitime, naturel et universel.
Nous ne devons pas non plus oublier la lutte des forces démocratiques en Turquie. Les politiques fascistes ne visent pas que les Kurdes, mais aussi tous les démocrates de Turquie, tous les groupes dont les identités, les cultures et les religions sont différentes.
Quelques jours auparavant, vous avez mentionné la possibilité d’une coalition électorale entre le parti laïc et social-démocrate Parti républicain du peuple (CHP), le parti progressiste prokurde Parti démocratique des peuples (HDP) et des organisations plus petites. Une telle coalition est-elle réellement envisageable, étant donnée la politique du CHP ? Après tout, le parti a récemment apporté son soutien au mouvement pour la levée de l’immunité des parlementaires membres du HDP.
La tendance social-démocrate, de gauche, n’est pas hégémonique au sein du CHP. Au point où nous en sommes, cette tendance ne peut pas décider de la politique du CHP. La branche laïque et nationaliste demeure plus puissante. La mauvaise décision prise par le CHP au sujet de l’immunité des parlementaires du HDP en est la conséquence. En prenant cette décision, ils se sont rangés du côté de l’AKP. Mais il existe des tensions au sein du parti. Nous faisons confiance à la branche de gauche, sociale-démocrate, et nous rejetons en même temps clairement la ligne politique actuelle du parti.
L’AKP a érigé un bloc fasciste. La politique actuelle du gouvernement turc n’est pas la responsabilité exclusive de l’AKP. Il y a une alliance de forces fascistes et nationalistes qui englobent l’AKP, le Parti d’action nationaliste (MHP) et des nationalistes laïcs. Nous devons former une vaste coalition au Kurdistan et en Turquie pour nous opposer à cette alliance.
Si une telle coalition démocratique permet qu’une lutte de la société civile pour la démocratie se développe, l’alliance fasciste s’écroulera. C’est pour cela que nous considérons que la coalition des forces démocratiques est essentielle et que nous mettons tout en œuvre pour la réaliser.
Les conditions d’une lutte parlementaire et civile en Turquie ne semblent pas prometteuses : il n’y a pas de liberté de la presse, pas de liberté de rassemblement et les pouvoirs du Parlement sont sans cesse entravés. Quand les gens manifestent pacifiquement et sans arme dans des lieux comme Diyarbakir, ils risquent de se faire tirer dessus et d’être tués. Comment un espace permettant une résistance parlementaire et civile peut-il émerger dans de telles circonstances ?
La résistance civile n’a sa chance que si nous refusons de nous soumettre à l’AKP. Nous devons rejeter la politique du parti sans aucun compromis. Il n’y a pas d’autre moyen. L’AKP veut empêcher l’intégralité de la société d’exercer le moindre pouvoir. Mais quiconque se rend a perdu.
Réciproquement, quiconque résiste gagnera. La seule façon de battre l’AKP et de créer un espace pour une politique démocratique et civile revient à introduire une lutte permanente à tous les niveaux de la vie : sur le champ de bataille, au sein de la société civile, dans les assemblées politiques, les médias, les universités, les arts – partout.
La lutte pour la démocratie et la liberté est le seul antidote contre le fascisme. Nous menons cette lutte avec succès. Si les Kurdes ne résistaient pas face à la politique fasciste de la Turquie et si le HDP et les forces démocratiques en Turquie ne résistaient pas non plus, le pays se trouverait dans une terrible situation. Ce serait comme l’Afghanistan, le Pakistan, la Syrie ou l’Irak, des pays bien connus pour leur manque de démocratie et qui sont déchirés par des guerres civiles.
Le président Erdoğan veut réintroduire le sultanat ottoman en Turquie. Il veut remettre au goût du jour la tradition ottomane et il se voit lui-même comme un sultan. C’est pour cela qu’il a imposé un changement de régime au pays en le faisant passer sous le label du « système présidentiel ». Ce qu’il essaye de mettre en place, c’est un sultanat dictatorial, fasciste et totalitaire exigeant une obéissance totale. Une lutte engagée contre tout cela est inévitable. Erdoğan et l’AKP sont des ennemis de la démocratie.
En reprenant le principe de confédéralisme démocratique proposé par Abdullah Öcalan, le KCK soutient un concept politique qui est significativement différent des ambitions néo-ottomanes d’Erdoğan et des tourmentes que traverse actuellement le Moyen-Orient. À quoi ressemblerait un Moyen-Orient basé sur le principe de confédéralisme démocratique ?
Le concept de confédéralisme démocratique n’est pas étranger au Moyen-Orient. Ceux qui connaissent l’histoire de la région savent qu’il ne s’agit pas d’une utopie et qu’il correspond aux traditions locales. Durant des milliers d’années, ou même des dizaines de milliers si vous prenez la période présumérienne, les habitants du Moyen-Orient ont vécu de façon très communale.
Même après l’apparition de l’État dans la période post-sumérienne, des peuples, des classes sociales et des groupes sociaux différents ont vécu ensemble librement et paisiblement. Ils étaient organisés en confédérations tribales. Dans certaines zones, ces systèmes perdurent encore. La structure sociale du Kurdistan fait partie de cette tradition.
En 1937-1938, par exemple, il existait un système tribal confédéré dans la région de Dersim au Kurdistan, qui comprenait, outre Dersim que nous connaissons aujourd’hui, Erzincan et des parties de Sivas et d’Elazig. Le système comprenait des conseils et se basait sur un code moral. Nous parlons vraiment d’une vision politique qui n’est absolument pas étrangère à la région et à ses habitants.
Au niveau ethnique comme religieux, le Moyen-Orient est un mélange coloré d’identités multiples. Des communautés culturelles variées coexistent. Elles ont vécu ensemble durant des milliers d’années. La notion d’un système démocratique et confédéré se base sur cette histoire et y est étroitement connectée. Le bouleversement actuel que connaît le Moyen-Orient n’a commencé que récemment, en particulier avec l’émergence des États-nations au 20e siècle.
Le système de l’État-nation est nationaliste et raciste. Il renie toutes les identités à l’exception d’une seule, et souhaite les détruire.
En Turquie, un état fortement nationaliste a été établi, rejetant toutes les identités à l’exception de l’identité turque. Cela ne concerne pas seulement les Kurdes et les Chrétiens mais aussi les Arméniens, les Assyriens, les Grecs, les Lazes, les Adyguéens et les Géorgiens. L’identité turque a été mise au centre de tout, et un système tout entier de déni et de destruction a été construit autour. La politique génocidaire à l’encontre des Kurdes, qui s’est poursuivie durant 90 ans, en a été l’une des conséquences.
Nous assistons à des développements similaires dans d’autres pays de la région : la création de l’État-nation syrien a eu pour conséquence l’oppression de toutes les identités à l’exception de l’identité arabe. Dans l’État-nation irakien, toutes les communautés non arabes ont été massacrées – une fois de plus, surtout les Kurdes. Ce à quoi nous avons assisté dans des lieux comme Alep ou Halabja, ou pendant la campagne de l’Anfal, étaient les effets directs de la tragédie de l’État-nation. La même chose a eu lieu en Iran : lorsque l’État-nation persan a été établi, l’existence des Kurdes, des Baloutches, des Arabes et de nombreux autres groupes de différentes confessions ont été reniés.
Notre vision démocratique et confédérée est le résultat de l’examen critique du système d’État-nation. Nous pensons que le système d’État-nation détruit les peuples, leur culture, leur histoire et leur géographie. Nous pensons que le système démocratique confédéré est la meilleure alternative.
Nous croyons également que le système démocratique confédéré correspond à l’histoire et à la culture de notre région. C’est pour cela qu’une réelle possibilité de le réaliser existe ; qu’il ne s’agit pas d’une utopie. Ou disons, d’une utopie qui ne puisse pas être réalisée. Il s’agit d’une utopie qui peut prendre vie, prendre forme. Le système démocratique confédéré du Rojava le prouve. Au Rojava, les Kurdes, les Turcs, les Arabes, les Turkmènes, les Assyriens, les Arméniens, même les Adyguéens et les Tchétchènes vivent ensemble dans un système libre et démocratique qu’ils gouvernent eux-mêmes. Ils conservent leurs identités, leurs cultures et leurs langues respectives. Il n’y a pas de problème.
Le PKK, la Turquie et les autres pays du Moyen-Orient ne sont pas les seuls acteurs dans la région. Que pouvez-vous dire du rôle joué par les États-Unis, la Russie et l’Union européenne, en particulier l’Allemagne ?
Aucune de ces puissances n’adopte de position claire à l’encontre des Kurdes. Aucune n’exige de solution démocratique. Elles ont une politique différente dans chaque pays et dans chaque partie du Kurdistan. Leurs politiques dépendent de leurs propres intérêts. C’est ce qu’elles ont toutes en commun : elles approchent la question kurde de façon pragmatique, d’une façon qui est dictée par leur propre intérêt. C’est vrai de la Russie, des États-Unis et des pays européens.
Mais leurs méthodes sont différentes. Les États-Unis, par exemple, tolèrent et même encouragent la politique génocidaire de l’AKP à l’encontre des Kurdes, surtout depuis qu’ils ont signé un accord concernant la base aérienne d’Incirlik.
C’est la même chose pour les pays européens, en particulier l’Allemagne. Sous l’égide d’Angela Merkel, l’Allemagne a activement soutenu l’AKP et continue de le faire. Les Kurdes sont très remontés contre la politique de Merkel. Erdoğan peut continuer à mener sa campagne génocidaire contre les Kurdes uniquement parce qu’elle est encouragée par l’Europe, surtout l’Allemagne, et par les États-Unis.
L’Allemagne a joué un rôle important en permettant à l’AKP de recevoir 29,5 % des votes aux élections de novembre 2015. Merkel s’est rendue en Turquie en octobre et a été reçue par Erdoğan au palais blanc, juste avant les élections. L’AKP et à Erdoğan ont largement bénéficié de cette visite. Elle a aussi attiré l’attention à l’internationale. La visite de Merkel a été fortement critiquée par le public européen et par la société civile européenne. Mais Merkel n’a pas modifié sa politique. L’Allemagne a été aux petits soins avec le président Erdoğan et le Premier ministre Davutoğlu, ce qui les a confortés dans la poursuite de leur politique génocidaire.
Bien sûr, il s’agit d’une situation désagréable. Les centaines de milliers de Kurdes qui habitent l’Allemagne sont eux aussi touchés de façon négative. En tout, il y a 40 millions de Kurdes, sans droits ni autodétermination. Vingt millions de Kurdes vivent en Turquie, où leur langue et leur culture sont interdites. C’est une situation terrible.
Et pourtant les politiques du gouvernement turc sont soutenues par les puissances européennes, même si cela entre en contradiction avec les valeurs démocratiques supposées de l’Europe. L’Union européenne et les gouvernements européens clament haut et fort qu’ils sont attachés aux valeurs démocratiques. Mais quand il s’agit de la question kurde, ces valeurs n’ont plus d’importance à leurs yeux.
Ce pour quoi les Kurdes se battent, et ce qu’ils demandent à la Turquie et au reste du monde n’est rien d’autre que le respect des droits humains. Ces droits sont universels et l’Europe est censée les respecter. Alors pourquoi l’Europe ferme-t-elle les yeux devant ce qui a lieu au Moyen-Orient ? Pourquoi n’écoute-t-elle pas ? L’Europe doit changer son approche de la question kurde. La première étape, qui est aussi la plus importante, est de rayer le PKK des listes des organisations terroristes.
Cela mènerait également à la démocratisation de la Turquie. Si le PKK était retiré de la liste des organisations terroristes par l’Union européenne et les gouvernements européens, la Turquie se verrait forcée à résoudre la question kurde. Tant que le PKK est inscrit sur les listes d’organisations terroristes, la Turquie ne peut ni devenir une démocratie ni être stable.
Il n’y aura pas de stabilité au Moyen-Orient sans résolution de la question kurde. Apporter une solution démocratique à la question kurde permettrait d’apporter la démocratie et la paix pour la Turquie et pour l’ensemble de la région. L’Europe serait stabilisée à son tour, car c’est la déstabilisation du Moyen-Orient qui provoque la déstabilisation de l’Europe.
La problématique des réfugiés permet à la Turquie de faire du chantage, en prenant l’Europe complètement en otage. L’Europe doit savoir que la situation des réfugiés ne peut pas être résolue par le soutien de la politique génocidaire de la Turquie, mais par un processus de démocratisation en Turquie et par une solution démocratique de la question kurde.
C’est la raison pour laquelle l’Europe doit forcer l’AKP à travailler à une solution démocratique de la question kurde et à démocratiser la Turquie. La suppression du PKK des listes d’organisations terroristes est une avancée drastique dans cette direction. Si les pays européens et les États-Unis étaient clairs par rapport à ça, s’ils changeaient leur approche de la question kurde et si le PKK était supprimé des listes d’organisations terroristes, la situation des réfugiés ainsi que les problèmes posés par l’état islamique seraient également résolus.
Quel genre de soutien attendez-vous de la part des forces de gauche, révolutionnaires et démocratiques en Europe ?
Le soutien le plus important serait de forcer les gouvernements européens à mettre fin à leur collaboration avec l’AKP. L’AKP et sa politique doivent être critiqués et défiés à tous les niveaux. Sans alliés internationaux, l’AKP ne pourrait jamais mener à bien ses campagnes génocidaires contre les Kurdes, comme c’est le cas maintenant.
L’AKP dépend du soutien international. Les forces de gauche, socialistes et démocratiques d’Europe doivent essayer de mettre fin à ce soutien. Voilà ce que nous attendons des peuples européens. Ils ne doivent pas rester muets face à une politique qui remet en cause les valeurs dont l’Union européenne est censée se revendiquer. Les peuples européens doivent élever leurs voix et s’y opposer. Et les forces de gauche, socialistes et démocratiques devraient lancer une campagne spécifique pour que le PKK soit retiré des listes des organisations terroristes.
Interview : Peter Schaber et LowerClass.
Traduction : Pisîka Sor (@pierasim) – Version allemande.
Repris de Inforojava.